Et si 2016 était l’année du jeu vidéo au cinéma? On a bien eu l’improbable «Angry Birds», film d’animation pour les enfants légèrement tiré par les cheveux ou plutôt les plumes. On aura aussi l’adaptation live d’«Assassin’s Creed» avec Michael Fassbender et Marion Cotillard prévu pour le mois de décembre et dont j’espère pouvoir vous parler. En attendant, parlons ensemble de «Warcraft : le commencement» qui est sorti depuis le 25 mai 2016 avec un public qui m’a laissé une drôle de sensation… Je suis tristement surpris par le fait que le public ne semblait pas plus attendre ce film, allant presque jusqu’à le refuser. Mais pourquoi donc?
Le public a-t-il été trop déçu par les nombreuses adaptations vidéo-ludiques qui se sont avérées être des purges immondes sans respect pour leur univers d’origine? Le public serait-il seulement réceptif à des reboots, remakes et films de super héros? Je fais quand même confiance aux lecteurs assidus de GeeKroniques et à leur curiosité.
«Warcraft: le commencement» nous transporte littéralement sur une terre désolée dans laquelle le peuple des Orcs tente de survivre. Ultime recours, leurs meilleurs guerriers traversent un immense portail grâce à la magie d’un sorcier pour atterrir dans le monde des hommes, Azeroth, un royaume en paix… enfin pour le moment!!
TRADITIONS, FILIATIONS ET GRYPHON
Quand je pense «Heroïc Fantasy», je pense directement à l’univers de Tolkien et à ses adaptations cinéma par Peter Jackson, au jeu de plateau «Hero Quest», à Schwarzy dans les deux Conan, mais aussi au monde des jeux vidéo avec «Baldur’s Gate» et forcément…. Warcraft et son studio, Blizzard. Ce qui est rassurant quand on va voir «Warcraft: le commencement», c’est que Blizzard est derrière le projet et que ce studio a déjà une petite expérience cinéma à travers ses jeux grâce à son travail reconnu sur les cinématiques. La cinématique semble être une excellente porte d’entrée au studio d’Irvine en Californie pour s’attaquer au marché de la production cinématographique.
En parlant de porte, il est justement question de passage dans le film de Duncan Jones. Un immense passage entre le monde en déperdition des Orcs vers le monde prospère des hommes. On va surtout en prendre plein les yeux dans un univers de magie, de batailles, d’Orcs, de griffons et de survie. D’un côté nous avons la survie d’un peuple à travers les yeux du chef du clan des Orcs des BnLoups de Givre, Durotan, mais aussi d’un étrange sorcier du nom de Gul’dan. De l’autre, un guerrier, Sir Anduin Lothar, qui au service du roi Llane Wryne, doit comprendre pourquoi la terre des 7 royaumes est souillée par des hordes d’Orcs. Au milieu de tout ça, un occulte magicien humain, Medvih, un apprenti sorcier adapte de l’école buissonnière, Khadgar, et une sang-mêlé, Garona. Un joyeux bordel pour une histoire très basique, simple presque simpliste, mais qui s’avère très appréciable et dépaysante par son côté léger, ses personnages très archétypaux et une furieuse envie de s’amuser à grands coups d’éclairs, de chevauchés à dos de loups stylés, de magnifiques paysages et d’immenses cités. De la pure fantasy!!!
Niveau casting, pas de grosses têtes d’affiche, mais quelques visages familiers. Des seconds couteaux d’Hollywood comme Ben Foster en protecteur des hommes et magicien, mais aussi Dominic Cooper en roi des hommes. Des acteurs à la carrière parfois maladroite, mais qui s’inscrivent naturellement dans l’univers dépeint dans «Warcraft». L’acteur qui fera et a fait beaucoup parler de lui est Travis Fimmel, le fameux « mec de la série Vikings» dont le choix paraît presque naturel tant le glaive et le bouclier lui vont à ravir. Il m’a rappelé Taylor Kitsch et son rôle de John Carter dans le film du même nom avec un côté beau gosse, guerrier, charmeur et même drôle dans ses répliques. J’ai quand même eu l’impression de le voir rejouer son rôle de Ragnar Lothbrok dans l’univers de Warcraft avec les mêmes mimiques et les jeux de regards, serait-il déjà limité dans son jeu?? Je parle beaucoup de jeu, de guerre et de magie, mais la magie du cinéma opère-t-elle avec ce premier projet sur grand écran de Blizzard?
WARCRAFT DANS LE BLIZZARD??
Le projet «Warcraft» a été confié à Duncan Jones, un nom qui ne vous est peut être pas familier et pourtant Duncan est le fils d’un immense artiste qui nous a quitté depuis peu, David Bowie. Un projet d’adaptation de jeu vidéo par un fils à papa, il y a de quoi s’offusquer et s’inquiéter, eh bien non, car le jeune réalisateur a déjà fait ses preuves avec des œuvres plus intimistes, mais de genre comme l’excellent «Source Code», mais aussi avec «Moon». Ce que j’ai apprécié avec la réalisation de Jones c’est qu’il a su créer un véritable univers cinématographique en s’appuyant sur l’univers des jeux, mais avec un traitement propre à son média. On ne s’ennuie jamais dans ce «Warcraft : le commencement» malgré une histoire prévisible et assez mince que des thèmes puissants vont nourrir. Le thème de la survie d’un peuple qui peut renvoyer à l’actualité et à l’histoire de l’humanité, l’exploitation de la nature sur fond de lutte de pouvoirs, la filiation à travers plusieurs relations parents-enfants, le respect des traditions, autant de thèmes fédérateurs pour les petits et grands dans une fresque efficace et gorgée de générosité.
L’aspect vidéo ludique n’est pas placé au second rang et les afficionados des studios Blizzard devraient être satisfaits par le résultat de ce long métrage et des nombreux easters eggs distillés qui y sont placés. Attention quand même à accepter le visuel général du film qui fait claquer les couleurs vives, les éclairs et les armures rutilantes à grands coups d’effets numériques qui restent cohérents avec les intentions du film et ses origines. Je tiens quand même a défendre le parti pris esthétique de ce «Warcraft» en nous rappelant à tous le dernier Spiderman de «Civil War», mais aussi les photographies souvent ternes des studios DC et Marvel qui semblent donner le tempo du savoir-faire d’un blockbuster actuel…
Je ne suis pas complètement aveuglé par la magie noire d’un sorcier Orcs et je dois quand même vous parler du montage du film sur les phases d’action que je n’ai pas du tout apprécié. Trop coupé, pas assez appuyé, gâchant presque la fureur des combats et leurs chorégraphies numériques. Au final, «Warcraft : le commencement» porte parfaitement son nom avec une impression de voir une partie d’«Hero Quest» se mettre en place avec des enjeux à la limite de l’intuitif, des personnages aux destins balisés par le maître du jeu Duncan et dont Blizzard souhaite proposer sous forme de trilogie comme «Le seigneur des anneaux» en son temps avec les œuvres de Tolkien comme texte sacré. Déposons le spectateur dans le panier en osier de la curiosité et laissons-le voguer en amont d’une rivière que l’on nommera «Warcraft», ainsi peut-être que la magie fera son effet…
À voir? «Warcraft» n’est pas parfait, mais ne mérite pas le jugement qu’il a subi avant sa sortie. Un film qui arrive à démontrer que le jeu vidéo et le cinéma peuvent se mêler et pas seulement s’alimenter l’un l’autre dans l’incompréhension de leurs codes respectifs. Comme quoi, de la cinématique au cinéma, il n’y a qu’un pas que je vous invite à franchir sans appréhension!!!
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- Une sensation de fraîcheur dans le monde merveilleux des blockbusters.
- De bons thèmes, une multitude de décors, de personnages et de possibilité narrative.
- Une bonne adaptation de jeu vidéo qui ne dénature pas le support d'origine.
- Un parti pris visuel qui peut ne pas plaire.
- Une histoire basique, plutôt prévisible à la limite du simpliste.
- Un héros principal et son interprète qui doivent faire leurs preuves.
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