Ça fait un petit moment que je me dis qu’il faut que j’aille voir ce qui ce passe autour du festival d’animation du Val d’Oise : image par image. Cette année, j’ai enfin sauté le pas et je me suis rendu à l’inauguration qui avait lieu à 18H30 au CDA (Centre Des Arts) d’Enghien-les-Bains. J’ai donc enchaîné cette inauguration après ma journée Paris Manga! C’est beau la passion!

e dois dire que la séance a plutôt mal commencé avec des discours entrecoupés de films d’animation que j’ai trouvé fort peu intéressants! Quand tout le monde s’est extasié devant les petits films réalisés par des prisonniers, je me suis dit « ouh là, je suis tombé dans un repaire de bobos ou quoi?? ». On est ensuite passé à des projets scolaires, qui si ils sont intéressants sur la démarche, le sont beaucoup moins visuellement!

Un petit décryptage de l’affiche réalisée par Natalia Chernysheva, une jeune artiste russe et qui est tirée de son court métrage « Snowflake ». Pourquoi la neige? hé bien, sur l’édition précédente, des activités ont été reportées à cause des fortes chutes de neiges. L’image d’en-tête de l’article provient du site de Natalia.

Heureusement, les choses se sont arrangées avec tout d’abord « la grosse bête » (Pierre-Luc Granjon) :

Lorsque les habitants d’une vile oublient la grosse bête qui rode près de chez eux, ils se font dévorer ! La solution ? Toujours penser à la grosse bête ! Ils vont donc déployer de nombreux stratagèmes pour ne pas l’oublier et ne vont plus penser qu’à ça! Une critique acidulée des médias qui nous abreuvent des messages qui font peur, à tel point que l’on en oublie l’essentiel!

Trailer :

Puis vient le plat de résistance : les courts métrages de Sacrebleu Productions, une petite boite de production française. On débutera par une interview de Ron Dyens, son créateur. Il va nous raconter brièvement ses débuts et la création de Sacrebleu. Las d’attendre en vain la production de son projet, il va profiter de l’indemnisation de son assureur suite à un accident de voiture et un cambriolage pour se lancer! Culotté de sa part!

Place aux projections avec tout d’abord un trailer d’un film d’animation en cours de réalisation et qui sortira en 2015, et intitulé « Tout en haut du monde « .

Sacha, une jeune fille de l’aristocratie russe de la fin du 19ème siècle, rêve de Grand nord. et elle se languit de son grand-père Oloukine. Scientifique renommé et explorateur de l’arctique, il n’est pas revenu de sa dernière expédition à la conquête du pôle.
Il y a consacré sa carrière, Sacha veut y consacrer sa vie. une vocation qui est loin de satisfaire ses parents qui arrangent déjà un mariage. un violent conflit oppose dès lors Sacha à son père et la décide à s’enfuir de Saint-Pétersbourg. Dut-elle aller tout en haut du monde, elle est résolue à retrouver son grand-père.

La bande-annonce :

J’espère vous reparler prochainement de ce très beau film d’animation!

Casimilo et les légendes du nouveau monde (Caroline Attia Larivière)

On découvre via un court trailer Casimilo,un petit amérindien qui nous fait découvrir en univers. Une ambiance très colorée et joyeuse pour cette série à venir (39x13mn épisodes).

Trailer projeté :

Portrait de voyage – Côte d’Ivoire : Le Wax (Bastien Dubois)

On part en Afrique, avec une vendeuse de Wax (tissus pour les boubous) qui nous explique la signification des motifs qu’elle vend. C’est plein de gouaille et de tendresse! Cote de technique, on a un mélange de différents styles : aquarelles, peintures,.. Et pour le visage de la vendeuse, un effet 3D est appliqué sur la peinture ce qui donne un effet « peinture vivante » assez saisissant! Le tout est une collection de 20 épisodes de 3 minutes qui explore le monde entier. Plus d’infos sur le site du réalisateur.

L’intégralité des épisodes est disponible sur Youtube.

Kroak (Julie Rembauville et Nicolas Bianco-Levin)

Tiré d’une BD, Kroak met en scène les aventures absurdes et drôles d’un esquimau! Dans cet épisode, il part à la pêche et va faire de bien drôles de prises (un frigo, une table, une sirène) ! Le tout est sonorisé uniquement à la bouche. Décalage garanti! Côté graphique, cela reste très épuré et uniquement avec deux couleurs.

Un épisode de Kroak :

Mon petit frère de la lune (Frédéric Philibert)

Sans doute le plus émouvant des courts métrages présentés ce soir! Une petite fille nous raconte son petit frère qui n’est pas tout à fait comme les autres. Il regarde toujours en l’air et ne communique presque pas. Ou comment raconter l’autisme et ses difficultés vu par une petite fille. C’est d’autant plus touchant que c’est basé sur la vie de famille du réalisateur qui a utilisé son quotidien (et la voix de sa petite fille) pour réaliser sur un coup de tête ce projet fait en deux mois pour le présenter à un festival. Côté technique, c’est fait avec des dessins d’apparence enfantine plutôt rigolos. Un de mes coups de coeur !

Le film :

http://youtu.be/sGb6JP8ktws

Planet Z (Momo Seko)

L’OVNI de la soirée! Déjà, contrairement aux autres courts, il s’agit de prises de vues réelles (stop motion). On découvre une planète aride sur laquelle l’eau jailli soudainement et des plantes qui poussent en accéléré, le tout avec des bruitages qui soutiennent le mouvement et apportent un vrai plus. Mais bien vite, des champignons se forment et tout va pourrir. C’est totalement surréaliste, mais très beau (heureusement, sans les odeurs de décomposition qui étaient visiblement une horreur !). Des infos sur le site de la réalisatrice.

Le film :

Ben Hora (Julie Rembauville et Nicolas Bianco-Levin)

Réalisé avec le principe des ombres chinoises, il a pour thème la rébellion. On découvre des migrants qui arrivent dans un nouveau pays, plein de règles absurdes qu’ils vont avoir bien du mal à respecter! Le tout sonorisé par un mélange de musique traditionnelle et de scratch fait par un corbeau ! Fait exceptionnel, la musique à été faite en premier et a servie de base à l’animation. Très drôle et décalé !

Le film :

Le loup blanc (Pierre-Luc Granjon)

J’ai trouvé ce dernier en peu en deçà des autres. On y découvre deux jeunes garçons qui sont amis avec un loup blanc. Mais ce dernier va être tué par leur père !

Le film :

Chienne d’histoire (Serge Avedikian)

Chienne d’histoire met en scène un pan méconnu de l’histoire, mais néanmoins cruel! En 1910, les rues d’Istanbul sont envahies par les chiens. La solution pour s’en débarrasser sera drastique! 30000 d’entre eux seront capturés et relâchés sur une île ou ils vont tout simplement mourir de faim! Côté technique, on part sur des cartes postales d’époque, puis sur des aquarelles très épurées. De ce point, j’ai trouvé cela un peu trop épuré, mais ça reste finalement un moyen de ne pas trop en montrer. En tout cas, ça plombe l’ambiance!

Le film :

http://youtu.be/YMzp8v1AVzU

Madagascar : carnet de voyage (Bastien Dubois)

Un peu le même esprit que pour portrait de voyage (c’est le même réalisateur). On retrouve le mélange de techniques différentes, et également l’emploi de l’effet 3D sur les visages. On suit la vie d’un touriste qui va notament découvrir la cérémonie de retournement des morts! Choc des cultures, mais dans une bonne ambiance ! On a vraiment le sentiment de voir un carnet de voyage animé. C’est très beau et très drôle! Plus d’information sur le site web du réalisateur.

Un extrait :

Tram (Michaela Pavlatova)

Encore un court très surprenant! Ça commence très sagement avec une conductrice de tram à la poitrine opulente qui prend son service. Puis au fur et a mesure qu’elle prend des voyageurs, une tension érotique va s’emparer d’elle! Et tout va comporter une connotation sexuelle! Les leviers de vitesse vont devenir des symboles phalliques et les tickets poinçonnés vont prendre un tout autre sens! Bref vous l’aurez compris, un film d’animation à ne pas montrer aux plus jeunes! Un bel exemple (si il en est encore besoin) que l’animation n’est réservée aux seuls enfants! Le film a été réalisé dans le cadre d’une série sur les fantasmes féminins réalisés par des femmes.

Trailer :

Fin de la séance. Après une interview des réalisateurs présents par Alexis Junot (journaliste et conférencier spécialisé dans le cinéma d’animation) qui permet d’en découvrir plus sur la genèse des films vus, on passe aux questions de la salle.

Il n’y en aura une qu’une seule (la mienne!) pour Ron :

Vous avez beaucoup évoqué votre travail sur la distribution des films, mais concrètement, comment je fais demain pour montrer les films que j’ai vu à mes enfants?

Après un petit sourire embarrassé, voici les pistes données par Ron :

• Voir avec les médiathèques pour qu’elle se procure des DVD via l’ ADAGE,
• Site des réalisateurs qui finissent par mettre à disposition sur leurs sites leurs œuvres après un certain temps,
• Festivals, émissions télé tardives sur canal+ ou Arte qui co-financent régulièrement des projets,
• Chercher sur le net (et vous le voyez dans l’article, je vous ai mis des trailer, voire même les films complets en cherchant un petit peu avec mon ami google!).

Visiblement, un certain nombre de spectateurs sont venus pour le buffet dînatoire offert  car ils sont partis se jeter sur le buffet dès la fin des projections sans attendre les interviews. J’ai trouvé ça très grossier! Et puis surtout, en sortant de la salle vers 22H00, nous n’avions plus que les restes (et j’avais une sacrée dalle!). Bref, plus que les films d’animation, c’est la promesse d’une bouffe gratuite qui a attiré un grand nombre de personnes!

Au final

C’était une très bonne expérience que je vais très certainement  renouveler l’année prochaine! Le CDA est plutôt un bel endroit et fait visiblement beaucoup d’actions culturelles tout au long de l’année. J’invite tous les fans d’animation habitant le Val d’Oise à tester cette inauguration (et les autres activités programmées). Découvrir les petites pépites de Sacrebleu a été un grand plaisir. A mille lieues des productions « commerciales », ils proposent une alternative créatrice très intéressante trop méconnue du grand public. La vraie question étant sont-ils méconnus parceque pas assez grand public ou faute d’une médiatisation suffisante? Pas si évident à trancher! J’espère en tout qu’à mon niveau, je vous aurait donné envie d’en voir un peu plus avec toutes les infos et liens fournis dans cet article.

C’est  également l’occasion pour discuter avec les réalisateurs et des gens sympathiques et accessibles comme Alexis Hunot, qui est très pointu sur le sujet avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger en fin de séance.

Plus d’infos sur le site officiel du festival (qui visiblement n’a pas les moyens de se payer un site et est resté sur la plateforme gratuite de wordpress!!). Vous pouvez également aller voir le site d’Alexis qui est une vraie mine d’information sur l’animation!