Sonatine, mélodie mortelle

J’en termine de ce triptyque Kitano avec Sonatine, le quatrième film du réalisateur. Le film sorti en 1993 au Japon sera un nouvel échec commercial, mais amorcera un début de reconnaissance à l’international pour Kitano. 

Malgré le fait que ce film sorte uniquement en format Bluray, je n’ai eu en ma possession qu’un DVD (la sortie DVD a été abandonnée par l’éditeur). Cet article ne reflète donc pas totalement le support commercialisé (notamment en terme de qualité de l’image).

Test du disque

Le film (8.5)

La petite entreprise de Murakawa (Takeshi Kitano) ne connait pas la crise! Son business est même plutôt florissant, mais le yakuza est fatigué, il envisage sérieusement de se retirer du métier. Tout va basculer quand l’oyabun  (le chef) du clan Kitakima, dont Murakawa est le bras droit, va lui confier une mission. Murakawa et son équipe doivent aller prêter main forte au clan allié Nakamatsu en guerre contre Anan, un clan rival.

Peu motivé par cette mission, Murakawa n’a d’autre choix que d’accepter. Il s’envole donc vers Okinawa avec ses hommes. Accueillis par le chef du clan Nakamatsu qui dédramatise la situation, ils vont bien vite comprendre que la situation est hors de contrôle et qu’ils sont tombés en pleine guerre des gangs!

Après plusieurs passes d’armes avec le clan Anan et des morts, Murakawa et le reste de ses hommes va se mettre au vert en attendant que les choses se tassent. Sous le soleil d’Okinawa, on les croirait presque en vacances, avec leurs chemises à fleurs et leurs jeux idiots. Mais c’est plutôt l’oeil du cyclone, le calme avant la tempête. Murakawa va bien vite se rendre compte que les dés sont pipées et qu’il a été piégé.

SONATINE- Extrait "Roulette russe" (HD) (VOST)

Mon avis

Des yakuzas, des gunfights statiques, pas de doute, on est bien dans un film de Takeshi Kitano! Mais alors que d’ordinaire, le yakuza est une figure certes criminelle, mais qui dispose d’une certaine forme de code d’honneur, il va en être tout autre. [Spoiler alert]

Ici, il va être question de trahison et forcément en réponse de vengeance! Une vendetta qui tout comme celle de Violent Cop va mal finir. Cela va  être d’autant surprenant avec le rythme imposé par le film. En effet, dans la seconde partie du film, les yakuzas vont se planquer dans une vieille maison en bord de mère. Et pour tromper leur ennui, blagues et délires vont se succéder! On retrouve ici le coté potache de Kitano, avec des gags idiots, mais qui font sourire (le coup des trous dans le sable). Avec parfois un léger comique de répétition qui marche plutôt bien! Et la mer / plage de nouveau présente, une vraie figure récurrente que l’on retrouve dans presque tous les films de Kitano. Un endroit hors du monde, hors des contraintes de la société.

Comme souvent, Sonatine alterne scènes violentes et scènes parfois enfantines. Un décalage qu’affectionne Kitano! Assez logique somme toute, car l’homme est comme ça. A la fois très cynique et sérieux, mais avec un vrai coté sale gosse! Comme si la puérilité était une forme de rébellion envers la société moderne et ses injonctions.

Rebelle un jour, rebelle toujours!

Une fois encore, le personnage de Kitano est à la marge, il ne rentre pas dans le moule. Même si il suit les ordres de son oyabun, il ne respecte pas complétement son autorité. Une véritable constance, une marque de fabrique. Kitano aime ces personnages rugueux, complexes et en dehors des normes. Une réaction sans aucun doute lié à la société japonaise figée dans les règles sociales et les convenances qu’il est de bon ton de suivre. 

Kitano n’aime pas rentrer dans les cases, c’est certain! Il peut être à la fois amuseur bas de plafond, comique, acteur, réalisateur, peintre, sculpteur, poète. Un artiste protéiforme qui surprend, dérange  voire même parfois agace!

Kitano et les femmes

Si les femmes ont rarement des rôles d’importance dans les films de Kitano, elles ont souvent un mode d’interaction en dehors des clichés habituels! Ni love interest, ni demoiselle en détresse (enfin pas complétement). Les relations hommes – femmes sont bien plus mystérieuses! Que cela soit le personnage de Masaki dans Jugatsu ou celui de Murakawa ici, leurs relations ne semble guère rentrer dans le moule amoureux classique. Plus dans le registre de l’amitié.

D’ailleurs, je me dis qu’il faut que je regarde « Getting Any », un film ou le réalisateur fait de cette thématique son sujet principal. En effet, Asao, le héro du film cherche à « pécho » (d’ou le « getting any ») à tout prix… Un film résolument comique et potache dont je vous parlerais probablement bientôt!

Joe Hisaishi

Et contrairement aux deux premiers films, Sonatine marque une différence importante pour les films de Kitano, puisque c’est aussi la confirmation de la collaboration avec Joe Hisaishi.  les deux hommes ont déjà travaillé ensemble une première fois sur le précédent film de Kitano « A scene at the sea ». La musique très « synthé » est loin des partitions plus classiques ou orchestrales de ce très grand compositeur japonais que j’affectionne beaucoup. Mais avec des thèmes très entêtants et agréables. Pas la BO la plus spectaculaire du musicien, mais elle reste diablement efficace!

Un duo remarquable qui travaillera de concert pendant près de 10 ans! Malheureusement, ils se sépareront après Dolls pour incompatibilité d’humeur!

Son (7.5)

Tout comme pour Violent Cop, on a la VO et VF. Les deux pistes sont en DTS HD mono de l’époque. J’avoue avoir préféré sans hésité la VO! Cette VF ne semble pas trop mal pour ce que j’ai pu en entendre. Mais je suis trop habitué à la voix de Takeshi Kitano pour pouvoir écouter la VF!

Image (8)

Même chose que pour Jugatsu! L’image DVD est plutôt nette et lumineuse malgré un peu de grain et rend bien upscalé sur mon écran 4K. De quoi présager du meilleur pour la version Blu-ray (qui je le rappelle est la seule disponible à la vente).

Menus (7)

Des menus simples et efficaces et qui ont la bonne idée de reprendre la même esthétique que celle des deux autres films sortis en même temps.

Suppléments (7,5)

Les bonus sont limités à un seul complément toujours sous la forme d’un entretien en mode impromptu avec Benjamin Thomas, un spécialiste de Kitano (25 min). Il continue de décrypter Kitano et son cinéma au travers de ce 4ème film qui présage beaucoup du reste la carrière du réalisateur. C’est toujours à la fois pointu et accessible, un vrai régal! 

Packaging (na)

Je n’ai eu que le DVDdu service presse, impossible donc de vous en dire plus sur le sujet du packaging.

Au final

Une édition « standard » du film de Kitano, que l’on peut trouver uniquement à la FNAC pour un peu moins de 20€, qui reste un prix correct au vu des prestations offertes. Ces 3 films réédités chez nous, c’est un vrai bonheur de (re)découvrir Kitano et son cinéma si particulier!

Bref, un vrai plaisir! Alors voila un cadeau idéal pour vous faire plaisir ou faire plaisir pour Noel!

8.5
Contenu
7.5
Son
8
Image
7
Menus
7.5
Bonus
Note GeeKroniques 7.7
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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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