Jugatsu (Boiling Point)

Cette année 2018 aura été une belle année pour les fans de Takeshi Kitano! Après les 3 sorties chez Larabbia, c’est au tour de Wild Side de nous proposer 3 sorties supplémentaires! L’occasion de (re)découvrir les premiers films du cinéaste (Violent Cop et Sonatine sont également de la partie). Commençons donc par Jugatsu (aka « Boiling Point » en version internationale), que je n’avais pas encore vu! C’est le second film du réalisateur, il est sorti en 1990 au Japon.

Malgré le fait que ce film sorte uniquement en format Bluray, je n’ai eu en ma possession qu’un DVD (la sortie DVD a été abandonnée par l’éditeur). Cet article ne reflète donc pas totalement le support commercialisé (notamment en terme de qualité de l’image).

Test du disque

Le film (7,5)

Masaki (Yûrei Yanagi) est un jeune homme nonchalant, un peu à l’ouest, qui ne semble pas être atteint ou préoccupé par quoique ce soit. Il passe son temps entre son boulot dans une station service et à s’entraîner au base-ball dans une médiocre équipe amateur locale, les Eagles. Mais tout va changer lors d’une altercation avec un yakuza de passage à la station service. Utilisant ce banal différent comme une excuse, les yakuzas du clan Otomo vont venir faire chanter le patron de Masaki.

Et cela ne va pas plaire à Masaki! Lui d’ordinaire si taciturne, il va réagir! Il va demander de l’aide à Takashi Iguchi (Gadarukanaru Taka), l’entraîneur des Eagles. Ce patron d’un bar est un ancien du clan Otomo. Mais sa tentative de médiation va échouer. Masaki et un de ses coéquipiers de l’équipe de base ball vont donc se rendre à Okinawa (l’île tropicale au sud du japon) pour récupérer des armes à feu auprès de Uehara (Takeshi Kitano), un autre Yakuza, lui aussi en conflit avec un clan.

Mon avis

Si Jugatsu n’est que le second film de Kitano, on y retrouve déjà une grande partie des ingrédients de ses autres films! Son amour pour les personnages en dehors du système, un peu perdus, est déjà là, que cela soit avec Masaki ou Uehara. Des personnages avec moult failles et défauts. Mais des personnages qu’il est impossible de ne pas aimer. Pour lesquels il est impossible de ne pas éprouver de l’empathie. Et bien sur, des yakuzas qui viennent perturber la vie des honnêtes gens!

Sa façon d’exposer la violence pour mieux la dénoncer est déjà là aussi. Les histoires de Kitano finissent presque toujours mal (il y a quelques exceptions, comme avec Kikujiro). Car si l’oeil de Kitano peut être parfois malicieux et enfantin, il voit souvent les choses de manière assez noire!

On peut passer en quelques secondes à une scène violente et cruelle (comme Uehara qui tranche le petit doigt de son second) à une scène complétement enfantine (et surréaliste dans le contexte), avec un jeu de balle sur la plage! Si dans ses films plus récents, Kitano est parfois prévisible dans certains schémas narratifs ou gimmick, il est ici moins sur des sentiers balisés. Mais déjà, l’humour absurde, parfois enfantin qui survient parfois sans prévenir vient parsemer le film. 

On est donc sans surprise déjà dans le registre du cinéaste, mais on sent que tout cela est encore un peu « brut ». On sent qu’il se cherche encore, même si compéré à Violent Cop, son premier film, il y a déjà une sacrée évolution. Le film n’est pas aussi poétique, peut-être plus terre à terre que par la suite. J’imagine que l’absence de musique et tout particulièrement celle de son compère Hisaishi (qui ne le rejoindra que sur son film suivant, « A scene at the sea ») n’y est pas totalement étrangère. Je craignais que cette absence de musique soit un peu étrange ou dérangeante. Mais en fait, c’est passé comme une lettre à la poste! A aucun moment je n’ai réellement ressenti l’absence de la musique en tant que telle.

Le personnage de Kitano dans le film n’est pour une fois pas le personnage principal. Et il n’est pas encore aussi épuré, voir stylisé qu’il le sera dans ses films suivants. Il est encore presque « bavard », en comparaison! Mais déjà dans son coté très intériorisé, très avare à montrer ses sentiments. Comme la relation qu’il entretien avec sa petite amie qu’il pousse à coucher avec un autre pour pouvoir ensuite lui reprocher.

Étonnamment, alors que le film a bientôt 30 ans, je trouve qu’il n’a pas si mal vieilli. Il n’est pas si connoté années 90 que cela, c’est sans doute du en partie au coté un peu intemporel des films du réalisateur. C’est assez surprenant.

Au final, Jugatsu est plutôt agréable, son coté « brut » quand l’on connait le reste de l’oeuvre du réalisateur assez intéressant. Mais ce n’est à mon sens pas son meilleur film. Pour autant, c’est peut-être l’un des plus accessible, justement par ce coté « brut » et moins stylisé. J’avoue que Kikujiro reste l’un de mes préférés, et d’ailleurs sans doute l’un des plus accessibles pour les profanes.

Son (7)

On ne dispose que du 2.0 DTS-HD Audio mono Japonais de l’époque, mais ce n’est pas vraiment gênant pour ce type de film. Pas de VF, mais cela ne me choque pas. Le son reste plutôt clair et net. Coté traduction, « Aniki » (grand frère) devient l’aîné (plutôt la traduction de senpai). Meuh bon, je chipote!

Image (8)

L’image DVD est plutôt nette et lumineuse malgré un peu de grain et rend bien upscalé sur mon écran 4K. De quoi présager du meilleur pour la version Blu-ray (qui je le rappelle est la seule disponible à la vente).

Menus (7)

Menus clairs et fonctionnels. Mon seul regret est que ce soit le titre international qui apparaît (Boiling Point) alors que la sortie vidéo fait référence au nom japonais « 3-4X10月 » (San tai yon ekkusu jugatsu en romanji) et que c’est Jugatsu qui apparaît sur la jaquette. Un petit manque de rigueur ?

Suppléments (7,5)

Les bonus sont limités à un seul complément sous la forme d’un entretien en mode impromptu avec Benjamin Thomas, un spécialiste de Kitano (20 min). Si il digresse parfois un peu, l’homme connait très bien le réalisateur et son oeuvre. Il apporte notament un éclairage intéressant sur certaines scènes du film dont j’ai eu un peu de mal à la saisir la symbolique! Ou la relation entre Masaki et son amie, qui elle non plus ne rentre pas dans le « cadre » de la société japonaise.

Un bonus relativement court, mais plutôt qualitatif!

Packaging (na)

Je n’ai eu que le DVDdu service presse, impossible donc de vous en dire plus sur le sujet du packaging. Ceci dit, on semble être dans du « basique », loin des chouettes coffrets digipack proposés par Larrabia. 

Au final

Une édition « standard » du film de Kitano, que l’on peut trouver uniquement à la FNAC pour un peu moins de 20€, qui reste un prix correct au vu des prestations offertes. Je vous parle prochainement des deux autres sorties de Wild Side! Les jaquettes sont classes quand même. 🙂

Une belle occasion de (re)découvrir le second film de Kitano en VF chez nous et en bluray! Le film était sorti à l’époque chez HK vidéo (mais à priori uniquement en VHS je crois). Bref, ma collection de films de Kitano commence à prendre forme!

7.5
Contenu
7
Son
8
Image
7
Menus
7.5
Bonus
Note GeeKroniques 7.4
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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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