Denis Villeneuve est un réalisateur canadien (québécois pour être précis) qui a été découvert par le grand public avec «Prisoners», un thriller glaçant dans lequel Hugh Jackman, en bon père de famille, voyait sa fille disparaître dans son propre quartier. Par la suite, c’est le long métrage «Enemy» qui a confirmé le talent du garçon aux yeux des cinéphiles alors que ce film avait été réalisé avant «Prisoners». Cette fois ci, Denis veut nous amener dans le monde extrêmement dangereux de la drogue entre les narcotrafiquants mexicains d’un côté et les autorités américaines compétentes de l’autre : le monde de SICARIO.
Kate Macy est une jeune agent du FBI, assez solitaire et plutôt douée dans son métier. Elle rejoint l’équipe de Matt et du mystérieux Alejandro pour aller clandestinement au Mexique afin de frapper le plus fort possible dans son cœur le cartel de Juarez et ainsi atteindre leur chef et le neutraliser.
BREAKING BAD ET PLACO PLATRE
Notre film du jour commence en plein cœur d’une opération de lutte contre le trafic de drogue dans la région de Phoenix à grands coups de camion bélier, d’échanges de balles et nous faisons ainsi connaissance avec notre héroïne : Kate (Emily Blunt). On comprend assez rapidement que son quotidien n’est que violence, danger permanent et cadavres dans des murs en placo. Les décors de quartiers résidentiels en zone désertique et la drogue, qui nous sont offerts au début de «Sicario», m’ont tout de suite rappelé aux bons souvenirs de Walter White et de la série Breaking Bad, mais pour le coup on est plus face à un film ultra réaliste dans lequel le hasard et la chance n’ont pas leurs places… L’avenir prometteur et la détermination de Kate ne passent pas inaperçus et la jeune agent du FBI est recrutée pour faire partie d’une équipe un peu spéciale pour une mission assez opaque, mais dont le danger se fait immédiatement ressentir.
Dans cette opération, elle est accompagné principalement par Matt et Alejandro. Matt (Josh Brolin), c’est l’américain dans ce qu’il a de plus détestable!!! Grande gueule, vantard, manipulateur, sur de lui, piquant, qui vit la lutte contre la drogue avec le sourire et un enthousiasme presque flippant. Encore plus flippant, Alejandro (Benicio del Toro) en sud-américain, froid, mystérieux, très observateur et dont on ne comprend pas tout de suite qui il est et pourquoi est il là. Une fois le trio réuni, nous partons pour une immersion totale, presque étouffante, dans un monde fait de violence et de drogue entre la zone désertique américaine et les villes tentaculaires et oppressantes mexicaines proches de la frontière avec les USA. Mystère, violence, oppression, mais qui est vraiment responsable de cette ambiance si particulière???
CA VA ETRE UNE BONNE JOURNEE
Ce qui plait avant tout dans les films de Denis Villeneuve, c’est sa façon de créer une ambiance et de s’appuyer dessus. Dans «Prisoners», nous avions un thriller dans le froid et la neige renforcés par des tons grisâtres et bleutés, alors que dans «Enemy» on était plus dans le jaunâtre à l’overdose pour insister sur la folie d’un homme en manque de repères. Pour «Sicario», le jaune est toujours aussi présent car nous sommes dans une région chaude et désertique mais paradoxalement j’ai ressenti un coté assez froid et opaque qui pourrait en perdre plus d’un. On a bien sur une écriture des personnages très réussie qui les rend tout de suite extrêmement authentiques même si le personnage principale de Kate semble assez passive ce qui peut être un frein pour l’empathie du spectateur. Dans ces précédentes réalisation, Denis avait la force de nous présenter des personnages quelconques presque ennuyeux qui étaient confrontés à des situations malsaines . Dans son nouveau long métrage, on est plus dans la plongée brute à l’intérieur même du monde des narcotrafiquants dans lequel seuls les gens compétents peuvent s’inviter et notre carton d’invitation est donc la belle et forte Kate.
Si on accepte cette distance entre le sujet et le spectateur, on est parti pour 2 heures d’actions pures menées de mains de maître par un Villeneuve qui prend un malin plaisir à alterner moments lents et lancinants avec des montées en pression vives et explosives. Outre un sujet bien traité, une gestion d’acteurs parfaite, une photographie et une ambiance aux petits oignons, j’ai également beaucoup apprécié le travail effectué sur les bruitages lors des échanges de tirs mais surtout la bande son composée par Johann Johannsson qui nous offre des mélanges exquis entre des percussions puissantes, des sons stridents et des violoncelles amenant le danger à nos oreilles.
A voir? Sicario est un mot qui désigne un tueur à gages, je connais un tueur à gages québécois dont la réalisation à encore une fois atteint son objectif avec précision dans un film très immersif, très maîtrisé sur tous ses aspects. Un film que je recommande vivement!!!
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Une mission trés dangereuse m’a été confié par GeeKroniques : parler de #Sicario de Denis Villeneuve. http://t.co/YyLfE9wAFm
RT @GeeKroniques: Nouvel article : SICARIO – http://t.co/dyjum6nEW7 http://t.co/FvoFkOrcoK
je ne peux que plussoyer cet article ! très bon film !