Après la tempête

Parfois, pour aller au cinéma, je me laisse guider par les choix d’une amie cinéphile qui me propose une séance.  Et souvent, j’accepte surtout en fonction de mes disponibilités, ce qui m’amène à faire de belles découvertes (et plus rarement des déceptions)! Cela a été le cas avec ma séance du très beau film japonais « Après la tempête »! Mon avis en détail sur ce film présenté à Cannes en 2016 dans la section « un certain regard », qui vient de sortir sur nos écrans.

Ryota (Hiroshi Abe) est un brave type, mais dont la vie n’a pas tourné comme il l’avait espéré! Père d’un jeune garçon nommé Shingo (Taiyo Yoshizawa) et divorcé de Kyoko (Yoko Maki), c’est un véritable panier percé immature qui claque son argent dans les paris plutôt que de payer sa pension alimentaire. Jadis promis à un bel avenir d’écrivain après une première récompense littéraire, il n’a jamais su rebondir et se retrouve à vivre de magouilles en tant que détective privé (tout en prétextant qu’il s’agit là d’un travail en sous-marin pour écrire son prochain livre).

Alors que son père vient de décéder, il va aller voir  sa mère Yoshiko (Kirin Kiki) qui vit dans un HLM pour tenter de mettre la main sur des objets de valeurs pour se renflouer. Mais la vieille dame a bon pied bon oeil et ne s’en laisse pas compter. Elle est malgré contente de pouvoir profiter de la présence de son fils. Sa fille vient également lui rendre visite régulièrement, un peu dans la même idée que son frère. Mais qu’importe, la vieille dame est contente de profiter de la présence de ses enfants et soulagée d’être débarrassée de son mari, un parieur invétéré qui ne lui a laissé que des dettes et des mauvais souvenirs.

A la faveur d’un typhon qui va coincer son ex-femme et son fils chez sa mère le temps d’une soirée, Ryota va tenter de réparer ce qui peut l’être (d’où le titre du film).

Bande-annonce - APRÈS LA TEMPÊTE d'Hirokazu Kore-Eda

Mon avis

Après la tempête, c’est un film « tranche de vie », au rythme lent, sans réelle histoire, mais qui dit pourtant plein de choses. Si le contexte est japonais, le message et les questions restent à mon sens universels!

La famille passée au crible

La famille de Ryota est du genre dysfonctionnelle, mais attachant (comme beaucoup de familles finalement). Lui et sa sœur ne cessent de se chamailler, on sent une vraie rancœur assez tenace entre eux deux. Mais la mère reste le ciment qui continue de les rassembler. C’est le personnage fort du film qui m’a beaucoup fait rire. Parfaitement lucide, elle n’hésite pas à jouer la vieille femme solitaire pour apitoyer ses enfants! Ryota n’est pas dupe, mais entend néanmoins le message. La vieille femme est néanmoins une vraie pile, toujours en activité. C’est aussi paradoxalement elle qui laissera le plus parler ses sentiments notamment avec son ex-belle-fille. Un personnage fort et très attachant qui est même un peu philosophe à ses heures perdues! Le couple mère-fils est le véritable moteur du film.

Relations intergénérationnelles

On découvre 3 générations de la famille. La grand-mère, Ryota et son fils Shingo. Un lien important entre ces différentes générations que la société japonaise moderne tend à dissiper (comme le nouveau compagnon de Kyoko qui voit d’un mauvais oeil que Shingo soit proche de sa grand-mère).

Un lien important, ce sont les racines de tout un chacun. Un lien que Ryota à fini par laisser de détricoter, que cela soit avec sa mère ou même son fils. Mais il va prendre conscience de leurs importances au fur et à mesure du film.

J’irai au bout de mes rêves

Ryota fait le point sur sa vie, sur ce qu’il a accompli. Ses rêves de jeunesse même s’ils étaient modestes (il voulait être fonctionnaire, rien d’extraordinaire en soi) sont bien loin. Il n’a rien accompli, et a raté son mariage et est un père absent qui ne voit son fils qu’un weekend par mois. Un constat amer, mais qui va l’aider à prendre conscience de ce qu’il peut encore faire pour changer les choses. Un bilan sur sa vie que l’on est tous amené à faire un jour ou l’autre...

Un film universel

Comme je le disais au début, les messages du film restent universels. Je me suis senti très proche de Ryota. Même si je n’ai pas de problème avec le jeu et les paris, mes questionnements sont très proches de ceux du japonais. A quarante ans passés, avec mon divorce en cours, je me pose aussi la question de savoir ce que j’ai fait de ma vie et du lien que j’ai tissé avec mes enfants.

Du coup, la réflexion de Rytoa et sa tentative de s’amender auprès de son fils me parle totalement. De même que l’effet miroir que l’on voit avec son fils qui a peur de lui ressembler, tout comme Ryota a eu cette peur avec son propre père (à juste titre, semble-t-il). Il n’est pas question de faire ma psychanalyse ici, mais je me retrouve vraiment dans ce personnage paumé, mais attachant! Du coup le film m’a plus parlé qu’a d’autres qui ont trouvé le film parfois un peu long, ce qui n’a pas été mon cas.

Des acteurs au top

Si je ne suis pas encore très familier avec le cinéma japonais, j’étais cependant assez content de retrouver  Hiroshi Abe que j’ai découvert il y a peu dans le film Thermae Romae (adaptation live réussie du manga éponyme).  Cet ancien mannequin encore beau gosse tranche par sa grande taille (1,89 m) et son air d’éternel ado malgré ses 50 ans passés! Il est parfait dans le rôle de Ryota! Je pense que je vais me pencher sur sa filmographie!

Mais pour moi, la vraie vedette du film, c’est Kirin Kiki qui joue le rôle de sa mère! Elle est incroyable de naturel dans le rôle! Drôle et émouvante, c’est une sacrée grand-mère qui n’a pas la langue dans sa poche!

Au final

J’ai beaucoup aimé « Après la tempête » parcequ’il est en phase avec ma propre situation et que je partage pas mal de choses avec son personnage principal. Cela a eu pour effet de gommer les reproches de longueurs du film que d’autres ont pu émettre et que je n’ai pas ressenti. Il faut dira aussi que cette plongée dans le quotidien du Japon populaire est un plaisir pour l’amateur de la culture Japonaise que je suis. Le film parle de choses profondes, mais sans sombrer dans le côté dépressif. Cela est dû notamment à la nature joviale de Ryota et de sa mère qui donnent une tonalité particulière au film. D’où mon classement en « dramédie » plutôt qu’en drame. Il y a plein de passages drôles et tendres dans ce film qui n’est définitivement pas un drame pour moi.

Si le genre tranche de vie ne vous repousse pas, allez donc voir « Après la tempête », qui offre un sacré dépaysement et des acteurs attachants! Et c’est pour moi une invitation à découvrir les autres films du réalisateur!

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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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