Histoire(s) du manga moderne

Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas vous parler de roman dans la catégorie Livres, mais de ce que j’appelle un « beau livre »! Il s’agit d’Histoire(s) du manga moderne qui se veut une rétrospective de 60 années de Mangas. Vaste programme si il en est! Mais les auteurs prennent un parti-pris plutôt astucieux pour remettre tout cela dans un contexte « historique ». Une idée qui séduira aussi bien le novice en quête d’information que le fan de culture japonais qui trouvera de quoi étancher sa soif d’information sur le sujet!

Un livre singulier

Le livre s’attache donc à faire une analyse de 60 ans de Manga (enfin 61 comme le souligne malicieusement le préambule), soit de 1952 à 2012. Mais la bonne idée du livre, outre le fait de couvrir un créneau laissé libre (il n’existe pas d’ouvrage francophone exposant l’histoire du manga au Japon), c’est son mode de présentation en double page : à gauche, les événements marquants de l’année au Japon (culture, société, économie) et à droite le focus sur un auteur qui a émergé cette année-là. un parti-pris astucieux qui saura captiver à la fois le fan de manga et le simple curieux ou amateur de BD. Certes, cela ne permet qu’un simple « survol » et on ne va pas en détail, mais l’idée reste bien d’avoir une vue d’ensemble. D’ailleurs le livre commence par un rapide rappel de l’histoire du Japon et des origines du Manga toujours dans cet esprit.

1990-miniL’autre originalité du livre, c’est sa genèse! Il a été financé via le désormais incontournable « crow funding », le financement participatif, sur la plateforme mymajorcompany.

Histoire(s) du manga moderne

Le contenu principal

Ce découpage mixte des pages permet de resituer dans un contexte global les oeuvres et auteurs présentés. Une idée judicieuse puisque tout est lié au final, les mangas publiés étant en parti le reflet de la société Japonaise du moment. C’est aussi l’occasion de découvrir des auteurs que l’on ne connaît pas (j’ai bien flashé sur Hiroshi Hirata par exemple) et d’avoir envie de les lire. Ou d’en savoir plus sur les auteurs que l’on apprécie au travers anecdotes ou tout simplement de mettre un visage sur des noms grâce à la fiche signalétique de l’auteur. J’ai par exemple appris que Hiromu Hirakawa se prénomme à l’origine Hiromi, mais qu’elle a « masculinisé » son prénom. Et il y a pléthore d’anecdotes du genre pour chaque auteur.

Bref, on sent la passion et les connaissances des deux auteurs, Matthieu Pinon et Laurent Lefebvre! Il faut dire que le premier est un collaborateur de longue date de la société Anime Manga Presse (Animeland, Japan LifeStyle), et il écrit actuellement pour Coyote Mag, AnimeLand et Chronicart.com, et que le second a travaillé régulièrement avec les revues Animeland, Manga 10 000 images ou encore Asia Pulp (R.I.P.). Le tout est agrémenté des illustrations de Nicolas Hitori De, notament co-créateur de la série Spell Checkers publiée aux États-Unis par Oni Press. L’ensemble possède un ton globalement sérieux, mais pas trop, qui est tout à fait agréable à lire et qui fait que l’on papillonne avec plaisir d’une page à l’autre.

Les bonus

Les soixante dernières pages, non prévues à l’origine ont été ajoutées grâce au succès du financement qui a dépassé ses objectifs. On trouve plusieurs chapitres comme une analyse du manga et de son évolution sur le marché Japonais. Ce phénomène de société doit se réinventer pour faire face à la chute des ventes continue depuis plusieurs années. Une chute que l’ouverture à l’internationale ne compense pas, et que le boom des nouvelles technologies a même renforcé. Je vous laisse lire en détail pour ceux que cela intéresse, mais le marché reste en pleine mutation et toujours en « crise ».

Le marché Français : interview de Grégoire Hellot (Kurokawa), Karim Talbi (Isan Manga) et Dominique Veret (fondateur de Tonkam)

la situation française,  qui reste le deuxième marché le plus important (loin) derrière le Japon, est également évoquée au travers d’une interview « groupée » d’acteurs de l’édition du manga en France. Ces quelques pages d’interview apportent une vraie valeur ajoutée au livre, même si je ne suis pas toujours d’accord sur certaines analyses comme celle de l’érosion des ventes liée au vieillissement des acheteurs (j’achète plus de mangas maintenant et je les partage avec mes enfants d’ailleurs). Mais le témoignage de ces 3 éditeurs complète à merveille le tour d’horizon apporté par le livre.

Le marché français a  beaucoup évolué depuis ses débuts. L’époque ou vue le faible nombre de sorties, le fan pouvait tout acheter (époque que j’ai connue) est désormais révolue. Même si le marché s’est stabilisé, on parle d’environ 250 sorties différentes chaque mois! Le secteur a donc du se professionnaliser pour faire face à une concurrence bien plus rude. Même si au final, ce sont les grosses licences qui trustent les ventes (40% de ventes pour le trio de tête :  Naruto / One Piece / Fairy Tail). Mais en moyenne, un manga n’est tiré qu’à 2600 exemplaires ce qui est peu.

J’ai particulièrement apprécié l’interview de Dominique Veret, directe et sans langue de bois! Après un bref historique sur le démarrage de ce qui a été la première librairie Manga et le premier éditeur, il nous livre quelques coups de gueule et anecdotes. La censure (et l’hypocrisie) autour de la sortie d’Angel, la profession qu’il juge avoir trop « d’incultes », ou les abus de pouvoirs des éditeurs Japonais, tout le monde va en prendre pour son grade! Pour la petite histoire, l’idée d’éditer en gardant le sens de lecture Japonais, outre le respect de l’oeuvre, c’était aussi un peu pour casser les pieds à Glénat.. 🙂

On finira avec quelques pages thématiques qui montrent une partie de la richesse des sujets traités par le manga, et une galerie d’illustrations exclusives dessinées par de jeunes artistes français influencés par la culture manga. Pas indispensable, mais qui permet de rappeler l’influence du manga pour ces artistes (et pour une partie des Français).

Au final

Le dossier de presse laissait présager un concept plutôt intéressant avec sa présentation originale, une fois le livre en main, il confirme que l’idée est bonne. Le livre est assez lourd et plutôt large, mais tient bien en main. Un beau cadeau à offrir (ou à s’offrir) à tous les fans de BD, qu’ils soient amateurs de Manga ou pas, chacun y trouvera son compte! Seul petite coquille relevée page 196, l’index qui est intitulé « Lexique » alors que le lexique est à la page précédente.. Rien de très grave!

La dernière page fera bien rire les amateurs de mangas qui apprécieront le clin d’oeil.. 🙂

Merci à Ynnis pour l’exemplaire presse.

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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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