The Handmaid’s Tale, Saison 1

Les dystopies sont par essence flippantes et même parfois anxiogènes! Mais le but n’est pas tant de nous faire peur que de nous faire réfléchir  sur notre condition et notre société! C’est le cas de The Handmaid’s Tale. L’adaptation du roman de Margaret Atwood, particulièrement glaçante et réussie que nous propose Hulu.

Imaginez un futur ou les maladies, la pollution ont drastiquement réduit la fécondité des femmes. Un monde quasi sans naissances et donc condamné à une lente extinction. Heureusement, il reste encore quelques femmes qui peuvent encore avoir des enfants. Mais dans un sursaut réactionnaire mêlé de fondamentalisme religieux, ces femmes sont littéralement réduites à l’état d’objet dans la république de Gilead (qui a remplacé les actuels États-Unis). Et les autres ne seront pas mieux loties! Elles ne peuvent ni travailler, ni posséder d’argent, ni être propriétaires, ni lire.

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C’est dans ce contexte que l’on fait connaissance d’une jeune femme qui se présente sous le nom d’Offred (Elisabeth Moss). Mais on découvrira plus tard que son vrai nom est en réalité June. Elle porte une tenue rouge et une cornette blanche, la tenue des Handmaids. Elle est sèchement accueillie par Serena Joy Waterford (Yvonne Strahovski), la maîtresse de maison toute de verte vêtue qui lui intime de respecter les règles. On fera aussi connaissance du maître de maison,  le Commander Fred Waterford (Joseph Fiennes).

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June, comme toutes les femmes encore fertiles, a été brisée par Tante Lydia (Ann Dowd), une espèce de gourou que l’on va détester d’emblée. C’est elle qui « forme » les Handmaids, et les prépare à leur nouveau but : la reproduction. Les plus « dociles » sortiront indemnes (du moins physiquement parlant), les autres seront torturées, voire estropiées pour craquer.

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En suivant la vie de June / Offred, on va découvrir peu à peu le fonctionnement de cette dystopie. De nombreux flashbacks vont également nous permettre de comprendre au fur et à mesure comment tout cela a bien pu se produire.

Mon avis

The Handmaid’s Tales est une série dont on ne sort pas indemne. D’ailleurs, je vous la déconseille fortement si vous n’avez par le moral, elle risque de ne pas arranger votre état d’esprit!! Vous êtes prévenus!

Le pouvoir des flashbacks

En soi, l’univers dépeint par The Handmaid’s Tale est déjà largement anxiogène et violent. Mais ce qui le rend encore plus terrible, ce sont les flashbacks. Car si au départ on a de la distance avec cet univers très loin du nôtre, les flashbacks vont nous mettre une bonne claque. Le monde de la série, c’est le notre, mais dans une version complètement noire et dystopique. Mais que finalement, on n’est pas si loin que cela du notre!

Cela crée un contraste permanent, une opposition entre le présent et le passé. Un des exemples saisissants est présent dans l’épisode 5. Alors que Offred est contrainte d’avoir un rapport sexuel avec Nick, le chauffeur, on découvre en parallèle la rencontre entre June et Luke et leurs premiers ébats. Deux scènes tellement éloignées. On passe de « reproduction contrainte » (qui n’est ni plus ni moins que du viol)  à du sexe charnel entre deux personnes qui éprouvent du désir. Du coup, cela réduit la distanciation que l’on pourrait éprouver par rapport à l’univers de la série. Et rends la série plus flippante que jamais!

Rouge Vs Vert

Dans cette société hyper stratifiée et codifiée, les couleurs sont importantes. Ainsi, les femmes de commandants ne portent que du vert.  On voit d’ailleurs un flashback ou Serena jette toutes ses affaires pour les remplacer dans sa penderie par ses robes vertes toutes neuves.  Les servantes portent du rouge, les Marthas du gris et les « Aunts » du marron. Si d’emblée on établit un lien empathique fort avec June / Offred, Serena apparaît quant à elle fortement antipathique. Une femme qui oppresse d’autres femmes par sa position hiérarchique ne peut pas apparaître sympathique. Mais au fil des épisodes et des flashbacks, elle s’humanise. On comprend, qu’elle aussi à son échelle, elle a subi les changements de la société et en tant que femme, n’a que peu voix au chapitre. Sa seule solution, c’est de composer avec le système.

C’est aussi ce que s’efforce de faire June. De ne pas aller contre un système qui peut la broyer en un instant. Un système qui va même jusqu’a nier le prénom des servantes pour encore plus les déshumaniser. Elles sont définies par l’homme qui possède un « droit de reproduction » sur elle. Offred (DeFred en français) dans le cas de June, pour marquer son appartenance, comme un objet.

Vive et perspicace, June tente de contenir son côté rebelle pour ne pas s’attirer d’ennuis. Mais les jours qui passent et les humiliations qu’elle subit rendent cela plus compliqué à chaque instant.

Entre résignation et lutte

Sur la première moitié de la saison, on découvre une June écrasée par cette nouvelle situation qu’elle découvre en même temps que le spectateur. Et puis, alors qu’elle avait abandonné tout espoir, une petite flamme vacillante va réapparaître dans ses yeux.  Un espoir, mince et ténu, mais qui va suffire à lui donner l’envie de se battre.

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Une envie de résister qui parait presque surhumaine dans ce contexte noir. Mais la petite flamme vacillante va devenir une rage sourde. La rage d’une mère pour sa fille. Et d’une femme consciente que son nouveau statut de femme enceinte dans le contexte qui est le sien lui donne un léger avantage. C’est donc un vent de rébellion qui va souffler sur la fin de saison. Une rébellion que l’on encourage silencieusement devant notre écran. Car tout comme June, on sait que tout cela risque de bien mal se terminer.

Une série parfois insoutenable

À mi-chemin de la saison, j’ai du faire une pause de plusieurs semaines. J’aime beaucoup la série, mais chaque épisode reste une épreuve. À la fois par son ambiance oppressante et ce que l’on découvre au fil des épisodes. Mais surtout par le fait que l’on se dit que tout cela pourrait finalement arriver. Que le plus terrifiant dans The Handmaid’s Tales, c’est finalement son réalisme et le fait qu’il soit ancré dans une multitude d’éléments crédibles. Ainsi, l’extrémisme religieux mis en scène apparaît comme parfaitement réaliste, comme un repli sur des valeurs « traditionnelles » que l’on a déjà put observer ici et là.

Et qu’il sert parfaitement la mise en place d’une dictature patriarcale implacable. Car si Fred semble assez modéré et respectueux (dans la mesure de la situation), on voit vite le masque tomber et que d’autres n’ont pas les scrupules qu’il affiche. Et que le rigorisme religieux n’est qu’une façade pleine de duplicité! C’est particulièrement criant lorsque l’on va découvrir le bordel, un établissement inconcevable dans les lois de Gilead. Mais une entorse que se permettent les dirigeants sans sourciller le moins du monde.

Tout semble bon pour écraser les femmes, et mettre en place un patriarcat implacable. Une réaction parfaitement incompréhensible (pour ma part) dans ce cas ou justement, la survie de tous dépend uniquement de ces femmes encore fertiles. Cela est tellement contre-productif, mais si révélateur de la nature humaine…

Au final

The Handmaids Tale est une série qui secoue son public. On sort éprouvé de chaque épisode. C’est d’ailleurs cela qui m’a poussé à interrompre la série  mi-parcours (j’suis une petite chose sensible). Mais l’envie de savoir comment les choses aller évoluer m’a poussé à reprendre.

La série prend son temps. Elle délivre des flashbacks sur la plupart des personnages principaux, permettant ainsi de bien comprendre le contexte et les enjeux. Comment est née la république de Gilead. Comment ont fait les autres pays. Et comment les femmes ont été écartées peu à peu de tout pouvoir et privées de leurs droits les plus élémentaires. Un processus où certaines comme Serena sont pourtant intervenues. Encore une fois, tout cela est si réaliste que ça en fait froid dans le dos.

Dans notre contexte actuel où les fondamentalistes de tous bords n’ont jamais été aussi nombreux, ou les tensions hommes – femmes sont exacerbées, on est forcément interpellés par la série. On se dit qu’on est finalement pas tant que ça à l’abri de cette vision dystopique, et qu’il faudrait peu de choses pour basculer du côté obscur!

Le tout est servi par une belle distribution. Elisabeth Moss est remarquable dans son rôle et on éprouve très rapidement une forte empathie pour son personnage. Je ne suis pas forcément un grand fan de Joseph Fiennes, mais je l’ai trouvé parfait dans son rôle de salopard qui tente de se donner bonne figure! Les costumes sont également réussis et contribuent à placer l’ambiance. Et enfin, la BO qui utilise pas mal de chansons connues parvient à renforcer l’émotion juste comme il le faut..

Bref, The Handmaid’s Tale est une des grosses réussites de cette année, et à ne pas manquer. Je réitère quand même l’avertissement :  à ne pas regarder si vous n’avez pas le moral, ça risquerait de vous plomber!

9 Note GeeKroniques
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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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