Black Mirror, Saison 4

Nouvel abonné de Netflix, j’attendais avec impatience le retour de Black Mirror, la série anthologique d’anticipation dystopique qui s’inquiète de nos relations avec la technologie et des potentielles dérives que cela peut engendrer. L’occasion pour moi de faire un premier « binge watching » jusqu’à tard dans la nuit..

Episode 1 : USS Callister

On fait la connaissance d’un développeur de talent, Robert Daly (Jesse Lon Plemons), mais qui est méprisé par tous dans son boulot, y compris par James Walton (Jimmi Simpson vu dans la saison 1 de Westworld) son associé. On va vite découvrir qu’il comble cette frustration dans un univers virtuel basé sur Infinity, le jeu qu’il a créé. Un univers customisé pour ressembler à celui de « Space Fleet » sa série préférée ou il règne en maître tyrannique sur l’équipage de son vaisseau l’USS Callister en tant que Capitaine.

Pour pousser le vice un peu plus loin, ces membres d’équipage sont tous des clones numériques des véritables collègues de Robert! Mais l’arrivée de Nanette Cole (Cristin Milioti, la mother de How I Met your Mother) un nouveau membre (une collègue qui a éconduit Robert) va venir tout perturber à bord du vaisseau!

Mon avis

Quelques facilités et erreurs scénaristiques viennent un peu gâcher un épisode finalement sympathique. Le pouvoir du développeur tient dans ses clones numériques qu’il peut régénérer à volonté pour faire pression sur eux. Sauf que pour cela, il doit recréer un clone à partir d’une source ADN. Complètement con puisqu’il a créé un avatar numérique à partir dudit ADN. Ça ne fonctionne pas et ça ne sert à rien. Quant à dire que la personnalité et les souvenirs sont contenus dans l’ADN, c’est un débat dans lequel je n’entrerais pas, dans la mesure où certains auteurs SF comme Frank Herbert l’ont déjà fait allègrement. Mais un peu facile tout de même..

Et la mise à jour qui supprime les droits « admin » du développeur, c’est aussi complètement con. Si on accepte le postulat tout débile qu’il soit, Robert aurait évité soigneusement de rentrer dans le jeu à ce moment, non? Bref, un Deus Ex Machina un peu trop grossier pour moi!

Bref, ce premier épisode se permet quelques facilités. Un cast sympathique vient compléter le tout et l’ambiance « Star Trek » est assez bien rendue. Pas un chef-d’oeuvre, mais ça se laisse  regarder.

Épisode 2 : Arkangel

Suite à une courte disparition de Sarah, sa fille de 3 ans, Marie (Rosemarie Braddock DeWitt) lui fait implanter « Arkangel », un système encore expérimental qui permet aux parents de toujours avoir un œil sur leur enfant. Doté d’une tablette de contrôle, Arkangel permet de voir et entendre ce que voit l’enfant et même de le localiser à celui-ci en cas de problème. Arkangel est même doté d’un mode parental qui permet de « flouter » les éléments choquants pour l’enfant.

Un contrôle très intrusif et qui ne sera pas sans conséquence sur le développement de Sarah..

Mon avis

Là, on est au cœur de la thématique développée par Black Mirror. De l’intrusion dans nos vies du « numérique » et de ses conséquences. D’une bonne intention de départ (prendre soin de ses enfants), on tombe tellement facilement dans la dérive sécuritaire. Dans l’obsession et la fascination des écrans qui nous permettent d’espionner nos proches. Bon, on ne pourra pas s’empêcher de sourciller devant l’aspect « magique » du système Arkangel qui transmet sons et images à des kilomètres de distance sans aucun problème. Mais l’idée reste crédible. Et surtout flippante, ce qui est l’image de marque de la série!

Un contrôle parental qui part dans l’excès et qui mène au pire! Voir tout ce que peut faire son enfant, c’est à la fois un rêve et un cauchemar pour un parent! il faut laisser une part de liberté et d’apprentissage aux enfants. On ne peut pas contrôler chaque instant de leur vie ou même ce qu’ils voient (le floutage des scènes choquantes est un parfait exemple). Mais la simplicité du numérique rend la frontière entre éducation et respect de la vie privée largement perméable. A chacun d’être vigilant sur les limites à ne pas franchir..

Un épisode efficace, le meilleur de cette saison 4 pour moi et qui est réalisé  par Jodie Foster!

Épisode 3 : Crocodile

Un retour de soir de fête un peu trop arrosé et c’est le drame : un cycliste renversé par la voiture qui va décéder sur le coup. Plutôt de que risquer la prison, le couple présent à bord du véhicule, Mia Nolan (Andrea Riseborough) et Rob (Andrew Gower)  va se débarrasser du corps et du vélo dans un lac tout proche. 15 ans plus tard, tout va de nouveau basculer lorsque Rob, pris de remord, annonce à Mia qu’il s’apprête à écrire à la veuve de sa victime.

En parallèle, on découvre Shazia (Kiran Sonia Sawar) un agent d’assurance qui utilise un tout nouvel appareil qui permet d’extraire les souvenirs de victimes d’accident afin de l’utiliser comme pièce à son dossier d’indemnisation. En enquêtant sur un homme renversé par un véhicule automatique, elle va tomber sur Mia.

Mon avis

Lire dans les souvenirs, c’est un peu un marronnier de la SF! Fringe y fait d’ailleurs usage en utilisant les technologies bizarres de Walter. De quoi tous nous transformer en caméra de surveillance! Une nouvelle forme d’intrusion de notre vie privée! Je dirais même l’ultime forme d’intrusion! Mais on est ici un peu hors sujet par rapport à la thématique de la série. La technologie qui permet voir les souvenirs n’est qu’un prétexte à la trame de l’épisode. Et tout ce que l’on voit, c’est une femme qui sombre dans la folie meurtrière. Pas une technologie qui fait froid dans le dos. Et même l’épilogue ne parviendra pas à redresser la barre. Un épisode qui rate son coup.  Un crocodile édenté en quelque sorte.

Le rythme lent, l’ambiance froide et nordique, rend le tout un peu chiant il faut bien l’avouer. Bref, le plus mauvais épisode de cette saison 4 sans aucun doute!

Episode 4 : Hang the DJ

Tout commence par un dîner entre Amy (Georgina Campbell) et Franck (Joe Cole) deux jeunes gens qui ne se connaissaient pas. Un peu maladroits, ils sont tous les deux guidés par un système qui semble leur dicter leur conduite, le menu et le temps qu’ils ont à passer ensemble!

Un système qui décide qui sera l’âme sœur de chacun à force de rencontres tests et de probabilités… Un système dont on ne sait pas s’il joue réellement le jeu on s’il force la main des candidats. À moins que la vérité ne soit ailleurs…

Mon avis

Un meetic 3.0 à tendance totalitaire, voilà le menu de ce quatrième épisode. Un système qui dicte votre vie « amoureuse » de A à Z. Si cela un certain confort (pas besoin de « draguer » par exemple), on ne décide plus de rien. Du coup, tout cela devient assez mécanique (et je ne parle pas que de sexe). Des relations ou l’amour est finalement bien moins au rendez-vous que le sexe. Un paradoxe assez étrange..

Mais, finalement le plus étrange de cet épisode reste le dénouement positif et heureux, une chose à la laquelle Black Mirror ne nous a pas habitués. Du coup, on sort de l’épisode un peu chamboulé, ne sachant pas sur quel pied danser. On est à la fois choqué et content de ce dénouement.  Mais en tout cas, une expérience bien plus plaisante que l’ennuyant épisode 3 à n’en pas douter!

Episode 5 : Metalhead

Ambiance post apocalyptique renforcée par un noir et blanc qui rend le tout encore plus dur. Une voiture cabossée qui file vers un entrepôt à la recherche d’objets. A son bord, deux hommes et une femme. Mais tous sont nerveux et sur leurs gardes. À juste titre, car ils vont faire une mauvaise rencontre dans l’entrepôt. Les deux hommes seront tués et seule Bella (Maxine Peake) parviendra à s’enfuir.

Une lutte sans merci va alors s’engager entre la femme et la machine..

Mon avis

Quand Black Mirror manque de chien

Voilà un épisode qui m’aura bien agacé! Si l’ambiance est bien rendue, la course à la survie bien fichue, le noir et blanc bienvenu, cela ne fonctionne pas. On n’est pas ici face à un épisode de Black Mirror. Si d’habitude on nous confronte à une technologie et ses dérives ou danger, ici on arrive après la bataille! La technologie quelle qu’elle soit a pris le pas sur l’homme. Et du coup, l’aspect « éducatif » de la série qui sensibilise son spectateur aux dérives possibles et au risque à tout confier à la technologie est ici complètement absent. Tout ce qui fait le sel de black Mirror est complètement oblitéré. On est donc ici fait à une belle coquille, mais qui est complètement vide. Encore plus raté que l’épisode 3 avait au moins l’excuse de se servir de technologie pour servir son histoire.

Episode 6 : Black Museum

Nish (Letitia Wright que l’on va retrouver sur grand écran dans Black Panther et Ready Player One) se retrouve bloquée sur une aire d’autoroute dans un coin perdu des États-Unis. Elle doit attendre plus de trois heures que la batterie de sa voiture se recharge. Coup de bol, il y a un musée juste à côté histoire de passer le temps.

Elle sera accueillie par le propriétaire du musée Rolo Haynes  (Douglas Hodge) qui va lui faire découvrir un véritable musée des horreurs et lui livrer bon nombre d’anecdotes. Mais tout cela va finir par prendre un tour personnel..

Mon avis

Un épisode hybride, avec plusieurs histoires qui s’emboîtent façon poupées russes. L’exercice vaut plus par le lien qu’il établit avec d’autres épisodes de cette saison (l’appareil du premier épisode pour créer les clones numériques par exemple) ou ceux de la saison 3 (comme San Junipero), à l’instar de ce qu’a pu faire Guillaume Lubrano dans le dernier épisode de la saison 2 de Metal Hurlant Chronicles. Le principe fonctionne assez bien (unifier l’univers par principe disjoint de l’anthologie), mais l’épisode en lui-même sort encore un peu trop des sentiers tracés par la série. Pas tout à fait un hors sujet comme l’épisode 5, car la technologie et ses dérives sont là. Mais l’exposition est un peu capilotractée, on a plus l’impression d’être dans un mauvais épisode d’une série B qu’autre chose (ou un mauvais twilight zone). Encore une fois le message sur les dangers de la technologie est complètement dilué par l’intrigue de l’épisode, par sa construction et par son dénouement. En bref, pas non plus un bon cru pour Black Mirror!

Au final

Globalement déçu par cette saison 4, un cran en dessous des autres. Difficile de donner un avis sur 6 épisodes très différents, mais je trouve que globalement, cette saison 4 perd de vue ce qui fait l’esprit de Black Mirror, à l’image de Metalhead qui rate complètement le coche cette saison. C’est bien fichu, mais ce n’est absolument pas ce que j’attends d’un épisode de la série. Et en plus, vu ce que l’épisode livre comme information, la machine pourrait aussi bien être un bidule extraterrestre (oui, je force le trait de manière volontaire).

Pire, j’ai vraiment eu le sentiment de perdre mon temps devant le lent crocodile qui utilise la technologie comme moyen de démasquer un crime. Bof, bof!

Bref, regardez donc Arkangel, USS  Callister et Hang the DJ et oubliez les 3 autres. Ou faites-vous votre opinion si vous avez du temps!

6.5 Note GeeKroniques
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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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