Steve Jobs: visionnaire pour certains, gourou pour d’autres, voir requin de la finance. Sûrement un peu des trois, mais malheureusement pas un personnage qui me fascine ou me fait rêver. Quand j’ai appris qu’un nouveau projet arrivait sur le sujet, je me suis dit que je n’irai pas voir le film. Mais quelque chose a retenu mon attention, Danny Boyle à la réalisation : ah là, je deviens tout de suite plus curieux et je DOIS absolument voir ce nouveau long métrage du réalisateur de «Trainspotting» ou encore «28 jours plus tard».
«Steve Jobs» est un film constitué de 3 actes qui nous montre les coulisses du lancement de 3 produits, 3 produits importants dans la vie professionnelle de Jobs.
HAUT COMME 3 POMMES
En 2013, la vie de l’entrepreneur emblématique américain, Steve Jobs, avait connue une première adaptation au cinéma par le réalisateur Joshua Michael Stern. Un film assez médiocre aux allures de téléfilm avec un Ashton Kutcher plus grimé que convaincant dans le rôle de Jobs, un Jobs idéalisé, hippie, assez lisse dont mêmes les défauts paraissaient être des qualités. Danny Boyle, dans son «Steve Jobs», a décidé de faire tout l’inverse et tant mieux!!! Il nous propose un Jobs froid, malin, vicieux, égoïste, manipulateur et dont la vie est calculée comme le ferait un ordinateur, un mac bien entendu. Boyle a également choisi de raconter son histoire de façon plus théâtrale, en 3 actes qui répondent aux lancements de 3 produits de Steve Jobs.
Steve Jobs est au cœur de l’histoire, le moteur de celle-ci et la clé d’entrée dans l’univers de cette entreprise qu’est Apple. Le choix de l’acteur devait être marquant et à la hauteur de la stature de Jobs et de l’image presque surhumaine qu’il projetait, et c’est l’acteur germano-irlandais, Michael Fassbender, qui a été choisi pour l’interpréter. Sur le coup, réflexe presque primaire (ou binaire) et débile: «Ben, il lui ressemble pas trop»!!! Et bien ce n’est plus mal, dans «Steve Jobs» on ne perd pas de temps à constater une ressemblance, on se plonge directement dans ce long métrage comme on plongerait dans l’esprit même de Jobs. Une prestation de très haute volée pour un acteur qui confirme une fois de plus son charisme et son talent.
On se contente pas également de nous balancer une success-story sur un businessman, on cherche à nous montrer plusieurs facettes de ce personnage à travers ses relations avec ses plus proches collaborateurs. Jobs et sa plus fidèle collaboratrice «Joanna Hoffman», interprétée par la sublime Kate Winslet, sorte de conscience morale de notre héros. Sur un aspect plus technique et mercantile, les personnages de «Steve Wozniak» (Seth Rogen), de «John Sculley» (Jeff Daniels) ou encore «Andy Hertzfeld» (Michael Stuhlbarg) nous montrent le manipulateur et le féroce entrepreneur qu’était Steve Jobs. Pour finir, le film développe également la relation de Steve avec sa fille, histoire de l’humaniser un peu plus avec un sorte de fil rouge émotionnel.
GOOD JOBS, DANNY!!!
Ce qui m’a le plus fasciné dans «Steve Jobs», ce n’est pas le personnage central du film mais la réalisation de Danny Boyle. Le choix de découper le film en 3 parties d’une quarantaine de minutes, de les faire correspondre avec le lancement de 3 produits de Jobs et de mettre cela en abîme avec le théâtre et le personnage fantasque qu’il était, est une super idée qui colle parfaitement à l’image projeter par le visionnaire de l’informatique personnel et ouvert à tous (pour peu qu’on est les moyens, ceci dit). L’esthétique générale du film correspond également à la vision de Jobs pour la marque à la pomme: épurée, moderne, qui attire immédiatement l’œil du spectateur comme du futur client. Boyle a également pousser sa réalisation jusqu’à filmer ses trois actes avec une caméra différente, des objectifs différents et donc un grain unique pour chaque époque traitée. La musique aussi est pensée pour coller au mieux à chaque époque et à chaque position de Steve Jobs face à sa relation avec Apple et/ou avec sa fille. Des musiques plutôt électroniques, parfois classiques pour démontrer la réflexion mécanique et minimaliste du garçon et son côté « chef d’orchestre » associé à une image de puissance qu’il aimait dégager.
Le scénario de base et sa construction sont à mettre au crédit de Aaron Sorkin. Sorkin n’est pas n’importe qui, c’est quand même un auteur de talent à qui nous devons les scenarii du «Stratège» ou encore du «The Social Network» de David Fincher. Le parallèle avec «The Social Network» saute aux yeux car nous sommes face à deux génies du commerce et de la sphère informatique, au final ça semble presque logique que Boyle se soit associé à Sorkin pour son dernier long métrage.
Malheureusement ce «Steve Jobs» m’a laissé de marbre et je n’ai eu aucune accroche émotionnelle avec le personnage principale, j’ai même ressenti une sorte de redondance dans le développement de l’histoire. Je m’explique: le premier acte me présentait le personnage central, les gens qui gravitent autour, leurs interactions et les enjeux qui en découlent, les autres parties du film m’ont offert la même chose au final… Heureusement que la réalisation m’a tenu en éveil grâce à son inventivité et l’immersion de Boyle dans le cerveau et la pensée de Jobs.
A voir? Pour sa réalisation originale dans le traitement d’un biopic. Pour un film à l’image des produits Apple: designs, attractifs mais horriblement froids comme leur concepteur tyrannique…
Une critique signée par un utilisateur d’Androïd, d’un PC … un pauvre en fait !!
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Approche audacieuse néanmoins qui ne consiste pas à faire une éloge du visionnaire américain, mais un portrait contrasté sur une personnalité fort critiquable.