Red Tale

Red Tale est le premier film réalisé par Natacha Thomas. Un nom qui parlera sans doute à mes amis blogueurs puisque j’ai fait sa connaissance il y a déjà quelques années alors qu’elle officiait en tant qu’attaché de presse. Une attachée de presse atypique avec à chaque fois des projets bien barrés à mettre en valeur! J’étais donc assez curieux de voir ce que pouvait donner ce premier court métrage!

En plus, il faut dire que la salle de projection était des plus alléchante puisque rendez-vous nous a été donné au Club Silencio situé rue de Montmartre. Un club privé ou ne peuvent rentrer que les membres. Et dont le design intérieur a été conçu par David Lynch, rien que ça! Et si l’entrée ne paye pas de mine (aucune enseigne ou quelconque indication), l’intérieur est magnifique! On descend un long escalier avant d’arriver dans une enfilade de salles voutées, comme autant de petits salons. Le lieu offre également une salle de concert et de cinéma. Je ne suis ni bobo ni amateur de lieux branchés, mais j’ai eu un vrai coup de cœur pour l’endroit!

C’est donc dans ce lieu (ou je ne retournerai probablement jamais) que nous a été projeté Red Tale. Le court métrage de 5 min revisite à sa façon ce qui pourrait être un cross-over entre le petit chaperon rouge et barbe-bleu! Esthétisme super léché, jeux de lumière parfaitement maîtrisés avec un passage du bleu au rouge saisissant. Le tout est extrêmement sensuel, mené un peu comme une danse (la musique très « tango » le souligne parfaitement). C’est aussi un rappel aux racines espagnoles de Natacha.

Tout cela est un peu court à mon gout, j’avoue avoir été frustré de ne pas en voir plus. Mais c’est plutôt très  convaincant pour un essai! J’attends donc de voir le prochain projet avec impatience! Ce sera un court métrage (un peu plus long cette fois) qui sera tourné en Espagne et qui est pour le moment en préproduction. Je ne manquerai pas de vous en parler!

Questions à Natacha Thomas

Q :  Visibilité / carrière du film : comment un court comme Red tale sera visible? Festivals dans un premier temps j’imagine? Une diffusion ensuite sur le net ou pas? 

RED TALE, comme chaque film, l’important c’est qu’il soit vu. Donc on a effectivement envoyé le projet dans quelques festivals, à des diffuseurs (notamment des diffuseurs en catalogne où devrait se tourner le second projet réalisation). Il est en projection ce mois-ci au south african horrorfest et au fake flesh film festival  (au Canada où il partage la sélection avec Silhouette de Bertrand Cazor) et avant la projection parisienne il est également allé aux Pays-Bas pour un festival de fashion film. On espère faire des festivals pendant quelques mois et après, oui, il sera disponible sur internet, pas de dates précises encore, mais ça sera la suite logique de sa vie de diffusion effectivement. En attendant, on annoncera tout ça sur la page Facebook du film.

Q : C’est quoi ta motivation pour avoir mené cette première réalisation? Te faire la main, « assouvir »  un rêve, te faire une « carte » de visite pour te lancer dans la réalisation? De ce que j’en vois de l’extérieur, cela me semble une sorte « d’évolution naturelle », tous les contacts que tu as liés en tant qu’attaché de presse restent tes interlocuteurs dans ce nouveau cadre.

En premier lieu j’ai vu RED TALE un peu comme un test grandeur nature. La dernière fois que j’avais réalisé un projet, c’était pour mon bac cinéma, et même si mon parcours est naturellement orienté vers la communication et la production des projets des autres, je crois que ça devait me manquer un peu 😉
Je crois aussi qu’avant je n’avais pas, ne savais pas ou n’avais tout simplement pas envie de raconter des histoires, avoir un peu vécu désormais donne plus envie.

Avec Red Tale on a pu tester, avec des contraintes, une équipe, une vision de réalisatrice, etc et ça sur un projet fini. Cette notion de test mesuré est d’autant plus importante que je crois beaucoup en la fidélité aux personnes dans le travail créatif, j’ai une envie d’équipe qui évolue ensemble au maximum, et là on a pu tester, se tester, on a raté des choses ensemble, on en a réussi d’autres, et on ne peut que logiquement faire mieux la prochaine fois 😉

Réaliser n’est pas réellement un rêve, je ne fais pas partie des « réalisateurs frustrés qui font un autre poste faute de », je suis la plus heureuse du monde en production (et avant ça en relation presse), je suis vraiment fière si je peux arriver à soutenir, développer,  permettre à un talent d’amener au maximum son idée, son histoire et que du public puisse voir le résultat. Je ressens plus la réalisation comme un « à-côté » naturel qui se développera comme il devra se développer naturellement. Étrangement je réponds à ta question en finissant une note d’intention pour une publicité de bijoux ici à Barcelone, j’en suis très heureuse, mais je ne prévois pas de ne faire que de la réalisation pour autant.

En production mes goûts esthétiques n’entrent pas réellement en ligne de compte (évidemment qu’ils s’expriment au choix du projet en fiction, pour exemple le projet sur lequel on travaille actuellement pour le réalisateur JP BOUIX , c’est clairement un coup de foudre esthétique de ce que ce réalisateur-là a à montrer, comment et pourquoi). Mais une fois que le projet m’a séduit mon travail n’est pas d’orienter les choix esthétiques du réalisateur, mais de lui donner les armes, les équipes, le temps pour qu’il puisse délivrer au maximum et avec son univers graphique, le message qu’il a en tête. C’est passionnant comme poste.

Passer à la réalisation à côté me permet surtout de mettre en avant :

    • Mes histoires, mes messages (Red Tale, outre le fait d’utiliser des contes dont je suis ultra fan par l’imagerie et les sous textes adultes qu’ils voyagent, me permet par indices plus ou moins visibles de raconter une histoire plus personnelle qui ne peut y paraître à première vue et qui j’espère fera aussi écho pour certain(e)s ).
    • Mes goûts graphiques (je suis un peu, beaucoup diront certains, une adepte du #lumièreporn (NDR : tu m’étonnes!) fan de chef op comme Benoit Debie plus que d’acteurs, et évidemment qu’avec Red Tale j’ai pu aussi montrer ça en choisissant de donner une place centrale à la lumière, à la couleur et aux symboliques qui s’y attachent, et travailler ça quand on a une vraie fascination pour l’utilisation de cet outil c’est génial ! )
  • Et tout ceci en suivant ma grammaire visuelle RED TALE ne signe donc clairement pas mon entrée en réalisation avec l’abandon de la production, mais peut être plutôt un nouveau terrain de jeu à explorer !

Q : Comment tu finances un tel projet? Tu mets la main à la poche et tu fais bosser les copains / copines à l’oeil? 🙂

Un tel projet ne coûte pas « très » cher si on exclut les salaires (ce qui malheureusement arrive souvent dans le court métrage sans aides publiques). Ici, on est clairement sur un travail bénévole de tous les postes (casting et techniciens donc) d’où la volonté de faire un projet court où ils ne doivent pas investir des semaines à zéro. C’est un financement de la débrouille (on a des aides miraculeuses des copains pour du décor, du matos) et le reste c’est du classique « équilibre financier » via poison communication (NDR : la société de production / communication de Natacha) pour les frais incompressibles.

On crée un équilibre en injectant l’argent gagné sur un projet plus rentable dans les courts métrages. Assez classique comme financement pour ce genre de projet finalement. Mais effectivement partant du principe que si on produit on croit dans le projet que l’on choisit donc on lui donne un max de temps, d’énergie et de moyens financiers correspondant, sinon autant faire des métiers plus rentables tout de suite.

Poison communication ne fait plus de relations presses (ma « retraite d’attachée de presse est effective depuis the fall of men de Yohan Faure et Vianney Griffon) sans être investi aussi en production désormais, mais l’esprit reste le même dans le choix de cet équilibre entre le rentable et l’investissement dans des projets de fiction courte où on se donne la possibilité de travailler en temps et en argent, pour des talents auquel on croit. En production (et communication) ça passe par des choix de réalisateurs et de projets.
Pour les plus récents en production par exemple Bertrand Cazor avec Silhouette (NDR : on a d’ailleurs eu la chance d’aller sur le tournage à l’époque), Renaud Duplessis qui a sorti en un temps record une fausse bande-annonce prix du public à panic reverse Neon Slut  et prochainement les autres dont le projet nous parlent et où on sent qu’ils ont un vrai talent à pousser. Sur Red Tale, et en réalisation en général il me semble, c’est donnant donnant finalement, on investit cette fois sur des acteurs, des créatifs, des techniciens, et eux même investissent leur talent et leur temps en vous.

L’équipe  RED TALE

Je te disais dans un précédent échange à quel point il me tenait à coeur qu’on parle de ces gens devant et derrière la caméra, c’est leur présence, leur travail qui fait qu’un film ressemble à ce qu’il ressemble, du coup je vais profiter de cet espace (et du fait que cela reste une petite équipe) pour parler de l’équipe de Red Tale 🙂

les plus visibles d’abord ceux devant la caméra :
SARAH BONREPAUX et IVAN GONZALEZ , qui partagent une « belle étrangeté » où la beauté classique se mélange à un charisme follement inspirant. Ils tiennent le film tout simplement par ce qu’ils dégagent, ils ont un magnétisme et une présence qui passent seulement par leur geste ici, mais j’ai hâte de bosser la voix, le son avec eux. Ils sont hallucinants, sans eux le film n’existait clairement pas, ils comprennent naturellement ce que parfois il est compliqué de verbaliser pour un réal et le retranscrivent avec un talent qui fait qu’ils améliorent la mise en scène à chaque plan.Deux vrais coups de foudre artistiques pour moi, ils sont inspirants, intelligents et tellement bienveillants que l’on est obligé de vouloir leur faire TOUT jouer !

le 1er assistant réa : CLEMENT MEYNIE , c’est peut être la place centrale d’un plateau en étant le premier soutien pour un réalisateur, celui qu’on suit les yeux fermés parce qu’y a un rapport de confiance établi et Clément amène cette confiance en ayant ce petit plus qui est génial chez un 1er assistant : l’intelligence de savoir quand « rassurer » et quand « gronder » le réalisateur, c’est le premier des collaborateurs qui doit comprendre le film, et le comprendre mieux que vous presque quand vous avez la tête dedans et il a une écoute parfaite, il est aussi un vrai appui de conseils, de protection, c’est une maman parfaite 😉
je lui fais quand même assez confiance pour prévoir d’aller avec lui sur une barque au milieu d’un lac sans savoir nager c’est dire..

Le directeur de la photo NICHOLAS KENT dont j’admire sincèrement le parcours de passer d’abord par quasi tous les postes du pôle image pour apprendre, façonner son oeil et l’utiliser au poste de « dieu sur le plateau », c’est vraiment un bonus d’avoir quelqu’un qui sait, conseille en ayant cette expérience du terrain et qui trouve les solutions inespérées pour des idées parfois suicidaires, pour ne rien gâcher il a une patience et une écoute qui sont vraiment rassurante pour un réal, encore plus pour un réal dont c’est la première fois, il n’hésite pas à tester, il rentre dans le projet et ça c’est génial.

Le chef electro JULIEN BRUMAULD avec lequel je rêve de travailler depuis des années, c’est une source d’infos assez hallucinante sur la lumière déjà rien que ça, un oeil qui analyse tellement vite et qui trouve une solution à tout sans que cela semble compliqué à un seul instant vu de l’extérieur (et je lui ai demandé beaucoup d’infos sur des projets outre Red Tale donc vraiment il a une solution à TOUT), le bonus de cette technicité de haut vol, c’est son côté créatif qui enrichit les projets, donne une vraie matière à la lumière, la justifie, la rend encore plus belle que prévue , et pour ne rien gâcher, outre sa maîtrise technique absolue, c’est un bonus humain et un vrai pilier rassurant de le savoir sur un plateau.

La chef make up JOHANNA VASILAKIS, c’est la badass girl du make up, elle était encore à l’école quand je l’ai rencontré sur un plateau et honnêtement elle tenait déjà son poste comme une vraie chef, là je suis encore plus ravie de découvrir des goûts esthétiques assez proches, mais surtout de voir son esprit de recherche, de test, de prise de risque, elle a humainement les qualités parfaites d’une make up : rassurante, calme, déstressante, endurante et elle maîtrise les aspects graphiques de son métier, en ayant une force de proposition qui augmente à chaque projet ! ça promet un avenir, sanglant peut être, mais over cool 😉

La chef déco : ANNE DALLU HUET, c’est une Sarah Connor douce, elle a une solution à tout, elle s’adapte à tout, elle a une énergie qui ne s’épuise jamais et toujours en souriant. Aucun problème toujours des solutions, c’est notre troisième fois finalement ensemble et c’est hallucinant son adaptation dans des univers totalement différents à chaque fois, et à chaque fois elle arrive à transformer des lieux en plateaux de rêve, sûrement un des meilleurs artisans sur Paris aussi qui allie la technique à la créativité en gardant une bonne humeur communicative.

Le « super régie » : BRICE FOURNY, un métier difficile, d’autant plus sur des projets au budget limité, mais c’est le roi de la débrouille, de la gestion, de l’organisation, de l’initiative qui débloque tout, c’est un couteau suisse qui a toujours une idée pour faire avancer et régler tout ce qui peut arriver sur un plateau.

L’étalonneur KIM MARC HUYNH qui apporte une touche esthétique en accord avec l’univers dont on rêve et sans langue de bois (si on s’est loupé, on le saura rapidement et c’est plus qu’appréciable dans une relation professionnelle cette honnêteté bienveillante n’ayant pour seul but que de faire grandir le projet). Il travaille avec une rapidité affolante et ça sans faire baisser l’exigence graphique. Il partait avec un sacré handicap vu mes problèmes de perception des couleurs, mais il a fait un travail parfait, c’est le joker couleur de toutes les images et vu le nombre de réal / prod / dop qui ne le quittent plus après la première fois y a pas de mystère…

Le mattepainter OLIVIER GABRIEL LEGRAIS, qui a un univers tellement poétique qu’il l’insuffle dans les images qu’il produit, ça permet clairement d’avoir des échanges créatifs d’une richesse plus qu’inspirante à chaque image, et c’est un vraiment un métier magique qu’il exerce avec talent d’arriver à faire croire à du vrai avec une simple palette graphique. Il travaille vite et toujours avec soin. C’est une pépite de talent qui en plus de ça écrit des scénars qu’on rêve de produire à chaque fois, vivement qu’il y passe aussi 😉

Le compositeur ALEXIS MAINGAUD , qui lui a quand même eu à gérer une réalisatrice n’ayant réellement aucune culture musicale donc on partait de loin, mais outre avoir une solide formation de son métier il sait tellement bien le retranscrire que ça devient presque trop simple de comprendre les notes de musique. Il a une capacité de rendre l’émotion d’une scène dans un accord qui rend son travail magique, il sait exactement interpréter les idées du réalisateur, les émotions d’une scène, la musique sur un film c’est là que vous allez passer du côté sensitif parfois et Alexis sait admirablement faire basculer une scène, l’enrichir, la transcrire.

La monteuse MATTHILDE CARLIER : un autre coup de foudre artistique lié au projet et une première collaboration enrichissante. Elle a donné un rythme au film, avec pédagogie elle arrive à faire lâcher des « névroses de réal qui veut garder tous les plans » elle travaille vite, avec minutie, et elle a une facilité à intégrer un projet pour lui donner la narration qui lui colle le mieux à la peau, en ayant en plus de sa maîtrise des outils une sensibilité narrative vraiment énorme, ce sont des échanges vraiment nourrissants pour un projet d’avoir une monteuse autant à l’écoute et dans la proposition. j’ai hâte d’aller plus loin la prochaine fois avec elle sur un autre projet.

Le photographe de plateau CLAUDE POCOBENE, c’est un ninja déjà, qualité première d’un photographe de plateau : la discrétion, on ne le voit quasiment jamais pendant les tournages, on ne l’entend pas et quelques jours plus tard on découvre des photos sublimes et toujours pertinentes du plateau. C’est l’oeil extérieur qui sait même quand vous n’aurez pas dormi, que vous serez dehors sous la pluie avec une tête de zombies faire que vous allez être plutôt à votre avantage sur les photos. Il a un oeil, une sensibilité des portraits et de leur lumière qui fait de lui l’un des meilleurs pour shooter les castings.

Le créateur du poster VIANNEY GRIFFON, avoir un directeur artistique éponge qui transcrit en visuel tout ce que vous pouvez lui donner c’est de la magie, c’est d’autant plus génial que il entre dans la tête du projet pour l’intégrer et savoir le transcrire sur une seule image, suis admirative de ce genre de talent (et il est surtout un superviseur sfx de talent qui a une rapidité d’assimilation de techniques qui dépasse tout) Tous ces profils montrent pourquoi le financement du film c’est aussi et avant tout les talents qu’on recrute pour le faire !

8.5 Note GeeKroniques
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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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