Le vent se lève

Jiro Horikoshi, un jeune japonais passionné d’aviation  va avoir une « vision » pendant un rêve : il doit construire de beaux avions tout comme son idole, l’ingénieur italien Caproni. Quelques années plus tard, on va le retrouver étudiant en ingénierie aéronautique, toujours plus motivé que jamais à construire des avions! Lors du grand tremblement de terre, il va aider Naohoko, une jeune fille qu’il a rencontré dans le train à regagner son domicile au milieu du chaos ambiant. Le courant va passer entre eux, mais ils vont se perdre de vue. Quelques années plus tard, il va intégrer la société Mitsubishi qui fabrique des avions. Mais à cette époque, le Japon est très en retard d’un point de vue technologique. Les habitudes sont donc de « copier » les meilleurs en la matière : les Allemands. Jiro fera à ce titre des séjours en Allemagne et en Europe. Mais copier ne l’intéresse pas! Il veut réaliser « son » avion!

Mon avis

A

nnoncé comme le dernier film du sensei Miyazaki, le vent se lève est indéniablement un film à part dans son oeuvre. Le sujet et le traitement en font le film le plus adulte du maître de l’animation Japonaise. Une vraie prise de risque assumée! Mais pour autant, on sent sa marque dès le début ! Déjà, on voit qu’il a pris plaisir à nous proposer des avions au design des plus improbables qu’il soit! Une évidence pour ce fan de mécaniques tarabiscotées! Et même si on est cette fois dans le registre de la biographie, les codes en place sortent des habitudes ! On découvre différents pans de la vie de Jiro mais qui s’enchaînent sans transitions, un moyen de souligner que finalement, même si il vieillit, Jiro ne change pas et poursuit son rêve : construire de beaux avions ! Et puis, il y a les passages oniriques ou Jiro rêve avec son idole, Caproni, l’ingénieur aéronautique Italien. C’est la petite touche personnelle, qui vient apporter une touche de légèreté dans la vie de Jiro (et dans le film). Ces séquences arrivent également sans transition, mais on finit par les repérer facilement (dès que l’on aperçoit la moustache de Caproni!)..

Le vent se lève est inspiré de la vie de Jirō Horikoshi, le concepteur des chasseurs bombardiers japonais Mitsubishi A6M, les fameux « zero » employés par l’armée impériale Japonaise durant la seconde guerre mondiale. Ces avions rapides et maniables ont conférés au Japonais un large avantage tactique au début de la seconde guerre mondiale. Miyazaki écrira d’abord un court manga sur la vie de Jiro, ou le héro aura un visage de cochon (comme dans Porco Rosso). C’est ce manga qui servira de base au film. Le film se veut un témoignage fidèle des conditions de vie difficile de l’époque et du retard technologique du Japon en terme d’ingénierie aéronautique. Le parcours de Jiro est également fidèle au personnage historique. Seule la rencontre et la romance avec Nahoko est fictive et s’inspire du roman Le Vent se lève de Tatsuo Hori : ce roman autobiographique où Hori relate sa relation avec son épouse malade de la tuberculose. C’est aussi un rappel à la propre mère de Miyasaki qui a souffert également de cette maladie  (et dont il est déjà question dans Totoro).

Pour qui connait un peu Miyazaki, le choix de parler d’un concepteur d’avion de guerre au service d’un état fasciste ne manquera pas de surprendre! Car on le sait un pacifiste convaincu! Mais à y regarder de près, il ne s’agit en aucun moment de faire l’apologie de la guerre! Cela a d’ailleurs crée une polémique, d’abord au sein même de Ghibli puis dans les pays voisins du Japon lors de la diffusion! Mais dans les faits, on suit simplement la vie (peu commune) d’un homme animé d’une passion pour l’aéronautique et qui rêve de faire voler un bel avion! Et puis, comme je le disais un peu avant, la passion des avions et de la mécanique de Miyazaki a fait également pencher la balance! La présence de cigarette a également fait grincer quelques dents! Ce n’est finalement que le reflet d’une réalité de l’époque et une polémique stérile pour moi.

Techniquement, pas grand chose à redire! Dès le début, on est bien dans un Miyasaki! Les décors sont magnifiques, le chara design est reconnaissable d’emblée! On arrive même à être encore épaté sur les scènes de foules, ou les détails de l’animation vont très loin! Petite innovation, les bruitages à la bouche! Vous le remarquerez sans doute, certains bruitages sont faits à la bouche (moteurs, sifflement locomotive, tremblement de terre). Cela donne du coup des sonorités très « organiques » et vivantes, assez surprenantes. Cette technique avait été expérimenté sur le court métrage « À la recherche d’une maison » diffusé au musée Ghibli, mais jamais dans un long métrage.

J’ai vu le film en VOST dans une salle comble! Une vraie surprise pour moi! Il est loin le temps ou il fallait trouver des petites salles qui diffusaient à un public restreint de geeks connaisseurs les films d’animation! Certes, le cinéma est un petit cinéma de quartier, mais la salle reste assez grande (plusieurs centaines de place). Il faut dire aussi que c’était la dernière séance programmée et que un certains nombre de retardataires comme moi on pu en profiter pour voir le film. Du coup, on a le droit à la petite phrase « le vent se lève, il faut continuer à vivre » en français par les doubleurs Japonais! Un sacré accent, mais c’est rigolo!

La musique dans tout ça?

Je vous ai déjà parlé de la musique réalisée par Joe Hisaishi, le complice de toujours des films de Miyazaki. Cela fait 30 ans que les deux hommes collaborent (depuis Nausicaa) pour notre plus grand plaisir. Et le travail de l’un sublime celui de l’autre! Car si je n’avais pas été emballé plus que cela à l’écoute de la BO, il faut bien dire qu’une fois dans le cinéma, elle prend une toute autre dimension! Une fois le film vu, elle mérité largement un point de plus! Et alors que je trouvais les sonorités différentes de celles habituelles de l’artiste, c’est une tout autre impression devant le film. Certes, certains morceaux sont différents, mais on reconnait la touche « Hisaishi » dans bon nombres de morceaux! Comme quoi, tout est fonction du contexte! Oui, je sais, ma règle sur les BO, c’est leur valeur intrinsèque et une évaluation à l’écoute seule. Mais il ne faut pas pour autant en oublier l’apport du film! Dommage que la musique ne soit pas publiée en France!

GK_une_Kaze

Les moins du film

L

a fin est un peu abrupte! Comme si une fois le zero réalisé, tout s’arrête pour Jiro. Ou plutôt, la vie continue, et il faut passer a autre chose. Jiro a accompli son rêve mais a perdu la femme qu’il aimait. Comme un rappel au vers de Paul Valery dont est extrait le titre « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». A moins que cela ne soit un constat d’échec pour Jiro. Lui qui a consacré sa vie aux avions se retrouve comme une coquille vide. Une façon de montrer qu’il n’ a pas passé assez de temps avec Nahoko, qui est finalement passée après son travail… A chacun de faire son analyse..

Repères historiques?

Le manque de repères historiques m’a un peu dérangé. A un moment donné, on sait que l’on se situe en 1932, mais c’est la seule date mentionnée au cours du film. Sans doute que cela n’est pas aussi gênant pour un Japonais qui saura contextualiser certains événements de son histoire contemporaine (comme le grand tremblement de terre qui a eu lieu en 1923),mais pour le reste du monde, ce n’est pas aussi simple. Mais il s’agit vraiment d’un point de détail qui n’est pas si gênant en soi !

Le dernier Miyazaki?

A

nnoncé comme le dernier film, on sort avec un sentiment ambivalent du film! Car Miyazaki démontre une nouvelle fois que même en dehors de sa zone de confort (le fantastique plutôt à destination des enfants), il maîtrise parfaitement son sujet et on se dit qu’un film ou deux de plus ne feraient pas de mal! De l’autre côté, je me dit que c’est un très bon dernier film qui démontre (si besoin) toute l’étendue de son talent! Et qu’il a amplement mérité une retraite, lui qui a fêté ses 73 ans il y a quelques semaines. Bref, un dernier film exemplaire qui clôt à merveille une carrière unique!

Reste à savoir qui assurera la relève au studio Ghibli, car Isao Takahata ne se fait plus tout jeune non plus.. Goro Miyasaki sera-t-il à la hauteur de son légendaire père? Pas si sur, tant l’héritage familial semble lourd à porter. J’espère que l’on verra émerger de nouveaux talents pour assurer cette relève qui s’annonce cruciale pour la pérennité du studio…

Bande annonce :

http://youtu.be/LVB5RUHYkzk

Bande annonce officielle du film Le vent se lève (Kaze Tachinu), prochain Ghibli de Miyazaki

Galerie d’images

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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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