Free State of Jones nous entraîne en pleine guerre de sécession dans le conté de Jones situé dans le Mississippi. On y fait la connaissance de Newton Knight (Matthew McConaughey), un fermier pauvre qui sert comme infirmier dans l’armée des confédérés (les sudistes).
Mais bien vite, on comprend que cette guerre civile n’est pas le combat de Newton et de beaucoup d’autres fermiers. Outre le fait que les riches familles qui possèdent des esclaves noirs soient dispensées d’envoyer leurs hommes à la guerre, l’armée confédérée ne fait guère cas de ses soldats et encore moins de ses populations civiles qui sont littéralement détroussées par quelques chefs de guerre sans aucun scrupule.
La mort du neveu de Knight, un jeune garçon de 13 ans circonscrit de force, va être la goutte d’eau qui va faire déborder le vase! Après avoir ramené le corps du jeune garçon à sa mère, il déserte et se cache dans le bayou avec des esclaves en fuite et d’autres déserteurs. Il va tisser des liens très forts avec Moses Washington (Mahershala Ali), un esclave en fuite et Rachel (Gugu Mbatha-Raw que j’ai découverte dans la série Touch), une jeune esclave avec des talents de guérisseuse. Peu à peu, il va prendre le leadership sur le groupe qui va grossir et ensemble, ils vont défier l’armée confédérée.
La tension va monter et Knight va devoir prendre ses responsabilités et mener le combat. Une fois les militaires vaincus, les mutins vont créer le premier état libre dans le conté de Jones, le « Free State Of Jones ». Un état indépendant où tous sont égaux. Mais la réalité va être bien moins belle que les idées défendues par le fermier..
Mon avis
Free State of Jones nous emmène dans une période historique somme toute assez méconnue pour nous français. Personnellement, je ne sais pas grand-chose de cette guerre de Sécession, si ce n’est que les sudistes esclavagistes ont perdu contre leurs compatriotes nordistes. Mais le film démontre que la réalité est un peu plus complexe! Que l’armée sudiste, les confédérés, ne respecte absolument ses propres populations qu’elle écrase d’une insupportable et odieuse pression. Une pression qui va pousser Newton Knight à prendre le « maquis » contre son propre camp. Et que malgré la défaite des confédérés, la situation des noirs dans ces états du sud va rester très longtemps très dure.
Le film est inspiré de faits réels et se base sur les romans The Free State of Jones par Victoria E. Bynum et The State of Jones par Sally Jenkins and John Stauffer.
Robin du Bayou?
J’avoue que Newton Knight et ses partisans planqués dans le bayou pour échapper aux troupes confédérées, m’a pas mal fait penser à Robin des Bois! Certes, Newton n’est pas un archer, mais le paysan du Mississippi est un sacré meneur d’hommes! Tous vont le suivre, blancs et noirs, un sacré challenge vu la situation et le contexte esclavagiste. Un rôle plutôt bien porté par un Matthew McConaughey loin d’être à son avantage avec un visage mangé par la barbe et un sacré accent!
Mais Newton, son personnage, avec ses mots simples est un vrai humaniste! « Si tu marches sur 2 jambes, tu es un être humain, peu importe ta couleur ». Une évidence, mais pas pour tout le monde! Même les mutins, qui font front contre les confédérés vont parfois oublier cela et se tromper d’ennemi. Un combat contre la ségrégation et le racisme qui reste malheureusement d’actualité.
À la guerre comme à la guerre!
Le film impressionne par ses scènes de guerres très réalistes et dures. Mais ce regard impitoyable s’accompagne aussi d’une critique assez vive! La scène d’introduction qui montre des soldats confédérés marchant au pas sur zone de combat déjà parsemée de cadavres fait très fort à ce niveau. Mais l’assaut lancé juste après qui se fait déchiqueter par une volée de balles ennemies ne fait pas dans le détail non plus! La guerre dans toute son ineptie..
Mais l’horreur ne s’arrête pas uniquement aux soldats! Les enfants sont conscrits de force parfois très jeune, sans que cela ne choque personne. Les femmes et les enfants devront aussi prendre les armes pour défendre leurs biens contre les soldats de leur propre camp. Cela donne d’ailleurs également une scène de combat assez surréaliste entre soldats confédérés et les troupes « mixtes » de Newton.
Les racines du mal
Free state of Jones met en lumière les origines du racisme et malheureusement le fait qu’il perdure bien longtemps après la fin de la guerre de Sécession. Une démonstration que j’ai malheureusement trouvé un poil laborieuse. Le flash forward avec l’arrière-arrière-petit-fils de Newton Knight qui se fait refuser son mariage avec une femme blanche parce qu’il a du sang noir casse le rythme narratif de l’histoire . Tout ça pour ça pourrait-on dire!
Bien plus efficace, la douche froide d’après-guerre où malgré la victoire de l’union, les promesses d’un monde plus égal pour les anciens esclaves vont voler en éclat. Les terres promises (c’est le cas de le dire) vont leur être retirées, pire, s’ils ne sont plus officiellement des esclaves, les « maîtres » vont de nouveau imposer leur ascendant avec des lois iniques (la « formation » des enfants »). Mais le pire reste la montée en puissance du Klu Klux Klan et de leurs meurtres qui vont rester impunis.
Un film qui prend son temps
Free State of Jones prend son temps. Un temps qui est parfois nécessaire comme au début du film pour bien installer les personnages et le contexte. Mais la dernière demi-heure du film est un peu plus laborieuse et aurait mérité quelques coupures pour élaguer un peu. Si vous aimez les films avec du rythme, passez votre chemin!
Au final
Pas le film de l’année, c’est certain! J’ai malgré tout passé un moment agréable avec Free State of Jones, mais le film aurait mérité un montage plus court sur la fin, on fini par trouver les 2h20 du film un peu long. Mais les acteurs font bien le taf, les scènes de guerres (pas si nombreuses) sont marquantes. Malgré tout cela fait un peu trop appliqué par moment et le message « la guerre et le racisme c’est horrible » est asséné un peu trop frontalement à mon sens.
A voir pour en découvrir un peu plus sur la guerre de Sécession!
A lire en complément; la critique de Greil qui m’a accompagné à l’avant première du film..
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