Dernier Train pour Busan

Si je devais imager mon été cinéma, il ressemblerait à une semaine de camping sous la pluie. Ça reste une semaine de vacances, on fait avec, on reste positif, mais ce n’est pas du tout ce qu’on avait imaginé… Eh oui, cet été cinéma fut traversé par une pluie de remakes, une tornade fumeuse de superhéros et quelques contes pour enfants. Rien d’extraordinaire, mais ça reste les vacances…

Enfin l’esprit vacances, ce n’est pas seulement tongs, barbecue et Biafine, on peut également sortir des sentiers battus et découvrir l’arrière-pays, les vieilles pierres et changer ses habitudes très farniente. Toute cette métaphore pour vous faire monter dans un petit train du cinéma pour prendre la direction de la Corée de Sud et plus précisément pour la ville de Busan pour (roulement de tambours) «Dernier Train pour Busan».

affiche dernier train pour busan

Le «Dernier Train pour Busan» est un film de zombies qui nous fait vivre une contamination à grande échelle dans un train et à travers ses passagers.

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Seok-woo (interprété par Gong Yoo) est un trader qui vit à Séoul avec sa fille, Soo-ahn, qu’il délaisse complètement pour son travail. Soo-ahn n’a qu’une idée en tête, retourner chez sa mère à Busan et ce retour semble trouver une place dans l’agenda très chargé de son père. C’est ainsi que père et fille prennent place dans un Korea Train Express (un TGV, cocorico) pour faire ce fameux trajet tant souhaité par Soo-ahn entre Séoul et Busan au milieu des autres passagers pour autant de personnes qui cristallisent la société moderne coréenne. Parce que le voyage ne pouvait se passer sans encombre, une jeune femme malade est elle aussi montée dans le train juste avant son départ, une jeune femme qui va rapidement mourir pour se transformer en zombie sans âme, mais bien décider à se nourrir des entrailles des autres passagers encore sains et conscients du danger qui semble toucher la totalité du pays.

Postulat simple et basique d’un énième film de zombie?? C’est certainement le sentiment qui peut venir à l’esprit quand on commence le visionnage de ce «Dernier Train pour Busan», ressenti renforcé par les différents personnages très archétypaux qui constituent les passagers que nous allons suivre dans ce thriller catastrophe proposé par son réalisateur Sang-Ho Yeon. En effet, les personnages de ce long métrage constituent une sorte d’échantillon de la société coréenne, ou même de façon plus générale nos sociétés modernes capitalistes et hyperconnectées. On y trouvera le trader solitaire et ses difficultés de communication avec sa fille, cette même fille symbole de la naïveté et la pureté de l’humanité, le couple de futurs parents avec la femme enceinte et son mari légèrement beauf, mais courageux, les étudiants et leurs rêves d’avenir, les petites mamies symboles de sagesse et de l’authenticité des valeurs d’une société, sans oublier des personnages qui incarneront les mauvais côtés de l’humanité tels que les arrivistes, les manipulateurs et ceux que la peur amènera à réaliser des atrocités.

dernier train pour busan

On peut aussi aller plus loin, et se dire que Sang-Ho Yeon a su tirer profit de ses personnages rapidement identifiables pour en faire des individus terriblement attachants avec des évolutions logiques, mais prenantes pour le spectateur qui se laissera aller au visionnage de ce qui constitue avant tout un film catastrophe sur fond de contaminés. On nous propose alors de voir progresser autant physiquement que mentalement ses héros du quotidien à travers les wagons de ce train avec pour chaque wagon, une difficulté, une situation de stress et d’action afin de faire monter la pression chez le spectateur qui sait très bien que le but ultime sera la survie avec …. L’arrivée à Busan.

Les plus téméraires pourront également continuer à creuser dans le film et ses sous textes pour découvrir un message simple, mais toujours intéressant à exploiter qui déborde sur une conscience écologique étroitement liée à la surconsommation et à l’hypercapitalisme de nos sociétés. À une échelle plus humaine, on y verra tout simplement l’affrontement quotidien de l’individualisme de compétition face à l’entraide et l’esprit d’équipe qui permet la progression de chacun.

CA ROULE COMME SUR DES RAILS

Le genre zombie et ses dérivés est un genre qu’on aime mettre en scènes depuis les films du grand Georges Romero, jusqu’à la série à succès qu’est «The Walking Dead», en passant par d’autres supports tels que le jeu vidéo ou le comics. Autant dire que le public connaît les codes, les richesses et les faiblesses de ce type de cinéma et qu’il faudra aller les chercher pour les faire à nouveau frémir face à des créatures désarticulées et assoiffées de chair humaine. Sang-Ho Yeon a très bien compris cela en nous proposant un film à la mise en scène intelligente qui exploite à merveille les possibilités d’un huit clos ferroviaire, mais aussi dans la symbolique du train en lui-même, un peu à la manière d’un «Transperceneige» d’un autre coréen, Bong Joon-ho.

dernier train pour busan

La grande force du dernier train pour Busan tient également dans sa science du rythme, un crescendo dans l’action par l’intermédiaire des événements que subit notre incontrôlable train, mais aussi une montée en puissance émotionnelle à travers des choix souvent cornéliens pour les passagers. Un film qui accroche son spectateur, qui ne cherche pas à révolutionner son genre, mais qui en exploite toutes les possibilités narratives, un film bien plus complet et équilibré que le très discutable «World War Z» pour un budget 10 fois moins élevés (le Brad Pitt vaut cher, en effet). Je pourrai continuer à vous vanter les grandes qualités de ce film en vous parlant de l’ambiance sonore absolument magnifique, du symbolisme très grandiloquent et omniprésent typique du cinéma asiatique, mais aussi du traitement visuel des contaminés que Sang-Ho Yeon arrive à mettre en scène autant comme une masse que comme un ensemble d’entités bloqués dans leurs corps déshumanisés, avec pour but de consolider cette idée d’opposer l’individualisme cannibale à l’entraide et l’esprit d’équipe.

dernier train pour busan

A voir? «Dernier train pour Busan» assurément l’un des meilleurs films de l’été, aussi intelligent que divertissant qui donne une véritable leçon de maîtrise blockbusterienne à Hollywood et ses réalisateurs en manque de liberté créative…

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7.5 Note GeeKroniques
7.5 Visiteurs (1 vote)
On a aimé
  • Un blockbuster complet, équilibré et bien rythmé.
  • Des personnages attachants, une atmosphère prenante et ambiance sonore oppressante.
  • Un habile mélange entre catastrophe et contaminés.
On a pas aimé
  • Le genre même du film, très (trop) maîtrisé par le public.
  • Un jeu d'acteur et des symboles très appuyés mais indissociables du cinéma asiatique.
  • Des personnages très archétypaux.
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Article écrit par Anthony

Grand consommateur de films, mais attention : j'aime la qualité!!! SF, fantastique, action, réflexion, comédie, français, étranger, drame, biopic, etc, etc, ... du moment que c'est fait avec le cœur et non avec les pieds!!!

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