COMANCHERIA

Pour ce début du mois de septembre, j’ai décidé de rester dans l’Amérique profonde. J’ai quitté Mel Gibson, Jean Francois Richet et les mobil-home de «Blood Father» pour prendre la direction de l’ouest, le grand ouest!!! Musique country, une Cadillac et quelques restaurants au bord d’une longue route aussi ennuyeuse que dangereuse et me voilà débarqué au Texas. Je dois dire que c’est l’endroit idéal pour se reposer l’esprit après un très long été de blockbusters éprouvants, un road-trip de vieux loup solitaire en quête de rédemption et de bon cinéma.

comancheria affiche

Comancheria ou l’histoire des frères Howard qui se transforment en braqueurs pour éviter la saisie des terres familiales après le décès de leur mère.

CEUX QUI NOUS COMBATTENT TOUJOURS

Toby et Tanner sont frères, des frères que l’on découvre en plein braquage d’une petite banque dans un patelin perdu du Texas. Agressifs, mais peu expérimentés, les deux bandits braquent vite, peu, et prennent la fuite au volant de vieilles bagnoles volées entre peurs, adrénaline et besoin vital d’argent. Toby, le plus jeune des frères, est un homme divorcé. Il a veillé sur une mère récemment décédée, avec pour ferme intention de récupérer l’argent que la banque lui demande pour combler les dettes colossales de la famille Howard, mais aussi avec la volonté de mettre à l’abri ses fils grâce au pétrole enfui dans les profondeurs de leurs terres. Quant à Tanner, il sort de prison, il est dingue et l’utilisation des armes ainsi une conduite dangereuse semble lui donner l’envie de vivre et d’aider son jeune frère dans son entreprise.

Les frères Howard ne peuvent pas se contenter d’une seule banque pour arriver à leur but, ils vont donc enchaîner quelques établissements, toujours de la même enseigne bancaire, et ne vont pas tarder à éveiller la curiosité de la police locale et bien sûr des Texas Rangers. Pas de Walker qui combat les ours avec sa belle barbe rousse norrissienne, non, non, mais le Ranger Hamilton, un vieil homme bourru et un poil raciste, accompagné par Alberto Parker que ce ronchon de Marcus qualifie de «mi-Comanche/mi-mexicain». «Comancheria» c’est une histoire de frères de sang, de frère d’armes dans laquelle deux Rangers, représentants l’ordre et l’Amérique droite, triomphante, mais vieillissante, vont traquer deux frères usés par la vie, la pression d’une société ultra-capitaliste qui affaiblit les pauvres Américains qui lui permettent pourtant de manger à sa faim.

comancheria freres howard

Tension, montée en puissance et Amérique qui souffre, voilà tout l’intérêt de ce long métrage. Un long métrage servit par un casting aussi étoilé que le drapeau du pays de l’Oncle Sam. Pour incarner l’état, la loi et la justice, on retrouve le toujours aussi charismatique, Jeff Bridges, un baroudeur du cinéma américain qu’il est toujours plaisant de voir évolué à l’écran.

En ce qui concerne les frères Howard, on retrouve un duo aussi surprenant que très satisfaisant: Chris Pine et Ben Foster!! Chris Pine, au sourire charmeur et allure de premier de classe qui m’a vraiment surpris dans son interprétation de Toby. Aussi fort que faible, une montée en puissance d’un personnage attachant et dont Pine arrive à extraire des émotions brutes et sincères. Il faut donner plus de rôles aussi poignants à Pine, un excellent Captain Kirk, une belle gueule qui fonctionne très bien dans un blockbuster, mais aussi un acteur complet qui peut aller chercher le drame chez le spectateur.

Pour compléter notre trio de cow-boys, on retrouve là aussi un acteur que j’aime beaucoup, mais qui se fait trop rare au cinéma, Ben Foster. Foster qui campe à nouveau un dingue, un mec qui n’a pas froid aux yeux, le frère de Toby, une tête brûlée qui semble être perdue pour la nation.

COME HELL OR HIGH WATER

Des Cow-boys, un Ranger aux allures de shérif, des braquages de banque dans l’Amérique profonde, on est clairement face un western dans Comancheria. Un western moderne donc, réalisé par David Mackenzie, un anglais qui semble avoir saisie la complexité et la rudesse d’un pays qui n’est pas le sien, mais qui a su s’entourer d’une équipe d’acteurs de qualité, mais aussi d’un scénariste : Taylor Sheridan. Un Texan pure souche à qui on doit le scénario du  magnétique «Sicario» de Denis Villeneuve, un film qui a marqué mon année cinéma 2015 et dont j’ai apprécié vous parler. Il est intéressant de voir dans Comancheria, la vision de Sheridan, mais aussi de Mackenzie dans la rébellion d’hommes face à une institution qu’elle soit bancaire ou qu’elle représente la loi. Encore plus drôle, notre Taylor a lui-même été acteur dans des séries telles que «Sons of Anarchy», «Walker, Texas Ranger» (encore lui!!), mais aussi «Docteur Quinn femme médecin». Là aussi, la même Amérique, mais deux visions de celle-ci…

comancheria rangers

Parce que le cinéma, c’est souvent une question de visions et de points de vue. Le genre western a souvent permis à l’Amérique de se construire des mythes, une histoire avec ses héros pour faire briller les USA sur le monde entier. Dans le cas de Comancheria, les grands espaces sont maintenant meurtris par des stations de pompage pétrole, les pick-up ont remplacé les chevaux, et la banque fait toujours des envieux même si le rapport de force à changer.

Le rythme assez lent, et sûrement décourageant pour les moins téméraires d’entre vous, correspond totalement à l’ambiance d’un western avec un dernier acte très prenant avec son duel à suspense. L’ambiance, justement, parlons ambiance, elle est juste parfaitement dosée entre plans contemplatifs sur de grands espaces dans lesquelles nos héros semblent tourner en rond. Ambiance musicale également entre vieux morceaux country, mais aussi des sonorités très stridentes grâce à des violons aussi martyrisés de cette région frappée de plein fouet par les changements d’une société.

J’attire votre attention (avec l’humilité d’un homme de l’ouest) sur le travail de photographie fait sur ce film, un travail sur les couleurs jaunâtres et orangées, sur les métaux rouillés qui composent les différents cadres de Mackenzie, mais aussi sur les lumières naturelles qui magnifient un pays en pleine mutation…

À voir? Un Western puissant par ses thèmes, sa vision de l’Amérique et ses interprètes!!! Une bonne surprise de cette rentrée, à consommer comme un bon bifteck et ses patates douces au bord de la route 66.

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7 Note GeeKroniques
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On a aimé
  • Un Western moderne mais toujours cette idée d'un pays qui fait souffrir les hommes.
  • Un Chris Pine surprenant, un Ben Foster nerveux et un Jeff Bridges roublard.
  • Une ambiance visuelle et sonore authentique.
On a pas aimé
Un film au rythme assez lent mais au final explosif !!!
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Article écrit par Anthony

Grand consommateur de films, mais attention : j'aime la qualité!!! SF, fantastique, action, réflexion, comédie, français, étranger, drame, biopic, etc, etc, ... du moment que c'est fait avec le cœur et non avec les pieds!!!

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