Au revoir là-haut

Fidèle à ce qui est désormais un rituel pour moi, je suis allé à l’avant-première de « Au revoir là-haut » sans rien savoir du film si ce n’est qu’il est réalisé par Albert Dupontel pour qui j’ai une grande sympathie. Et je n’ai pas été déçu de ma séance, d’autant que celle-ci s’est poursuivie par une séance de questions-réponses avec un Albert Dupontel tel que je l’imaginais : agité, speed, brillant et passionné!

Albert Maillard (Albert Dupontel) se fait arrêter par la police. Il va alors devoir raconter toute son histoire et pourquoi il est en cavale. Tout commence quelques années plus tôt durant la guerre. À quelques heures de l’armistice, son bataillon va être envoyé au combat par l’intraitable Lieutenant Pradelle (Laurent Lafitte).

Maillard n’aura la vie que grâce à l’intervention de son ami Édouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart). Mais ce dernier paiera le prix fort pour ce sauvetage : un obus va lui arracher une partie du bas de son visage. À la fin de la guerre, les deux amis vont habiter ensemble à Paris et tenter de subsister comme ils le peuvent. C’est Albert qui va faire « bouillir la marmite » en faisant toute sorte de petits boulots. Car Édouard, pourtant fils de bonne famille, a été déclaré mort (avec une petite combine d’Albert).

Fantasque et à vif, Édouard va se prendre d’amitié pour Louise (Heloïse Balster), une jeune orpheline qui habite à côté de chez eux. Las du peu de cas que l’on fait des anciens soldats, il va proposer à Albert une juteuse arnaque pour profiter de l’engouement « patriotique » d’après-guerre. Un choix qu’a déjà fait Pradelle dont l’entreprise de pompe funèbre n’est pas tout à fait honnête!

D’abord réticent, le candide Maillard va finalement se lancer dans une arnaque aux monuments aux morts tout en rencontrant la soeur et le père d’Édouard et en faisant ses éloges!

Au revoir là-haut - Bande-Annonce

Mon avis

Au revoir là-haut est basé sur le livre éponyme de Pierre Lemaitre, lauréat (entre autres) du prix Goncourt 2013. L’adaptation écrite par Albert Dupontel prend quelques libertés avec le support original, notamment la fin qui est différente de celle du livre. Si Dupontel a travaillé librement sur son adaptation, il l’a fait avec l’aval de l’auteur qui a « approuvé » ses choix. Un travail d’adaptation qui a été écrit en quelques semaines, ce qui est bien plus rapide que l’écriture habituelle de Dupontel quand il travaille sur ses propres histoires (cela dure plutôt une année dans ce cas-là)!

Albert fait du Dupontel

Il y a beaucoup de Dupontel dans le personnage du soldat Maillard! Un grand enfant candide et qui tente de faire de son mieux pour vivre sa vie. Un personnage qui rappelle celui des sketches de Dupontel. Une candeur que je trouve toujours assez touchante, pas surjouée. Et qui reste surtout un formidable contrepoids à la dureté de la vie et des personnages de salauds comme celui de Pradelle incarné par un Laurent Lafitte étonnant qui semble prendre un grand pied à jouer un parfait salopard).

Albert Maillard tente de retrouver une place dans une France d’après-guerre qui ne fait guère cas de ses anciens soldats (un sujet qui reste toujours d’actualité). Mais à force de petits boulots mal payés et mal considérés, il va finir par perdre une partie de cette candeur et passer du côté « obscur »!

D’ailleurs, à l’origine, Dupontel devait seulement réaliser Au revoir là-haut, mais l’acteur qui devait jouer le rôle de Maillard s’étant désisté 1 mois avant le début du tournage, le réalisateur a également endossé la casquette d’acteur! Un sacré double challenge! Mais je pense que le film aurait été un peu différent sans lui.

Une belle bande d’acteurs!

Le quatuor de tête est très efficace! Outre Albert Dupontel, on a donc Nahuel Pérez Biscayart, un acteur Argentin déjà remarqué chez nous dans le bouleversant et militant 120 battements par minute. Un acteur qui parvient à convaincre et à transmettre de l’émotion en ayant la majeure partie du temps le visage masqué! Il a également impressionné Albert Dupontel par ses performances, sa force de travail et sa rigueur.

La jeune Heloïse Balster est très convaincante dans son rôle de « titi parisienne » attachante. Une vraie complicité s’est établie entre elle et Nahuel et cela se ressent à l’écran!

Last but not least, Laurent Lafitte qui m’a vraiment bluffé dans son rôle de salopard odieux que rien n’arrête! J’avais de lui une image une image un peu lisse, et l’étiquette du comique de service. Hé bien, dans ce film, il prouve qu’il peut être bien plus! Après ce film, je ne le verrais plus du même oeil, c’est certain! C’est le seul acteur du film qui connaissait le livre, ce qui l’a d’ailleurs poussé à obtenir le rôle de Pradel!

On retrouve également Mélanie Thierry ainsi que Emilie Dequenne dans des rôles plus secondaires. C’est Dupontel qui a choisi Emilie Dequenne pour sa « douceur » et tout spécialement pour sa scène de rupture ou elle éconduit tout en douceur justement son mari. Une scène forte justement renforcée par cette douceur.

Mise en scène

Au revoir là-haut est une réussite visuelle! Le traitement de l’image apporte une vraie tonalité (voulue) qui rappelle les premiers films en couleurs (mais sans que cela fasse « trop »). Le film est une belle reconstitution des années d’après-guerre, avec un Paris méconnaissable!

Et il s’offre quelques de très beaux plans, comme le vrai-faux plan séquence de début de film qui montre un chien qui trace sa route sur le champ de bataille. Un plan qui a été en fait filmé par plusieurs types de caméras (caméra « classique » + drones) mais qui par la magie du numérique donne l’illusion d’un plan-séquence. Dupontel nous dira très modestement que ce n’était pas compliqué, il fallait juste « avoir l’idée »! Pour couronner le tout, le chien prévu (et dressé) pour cette scène s’est « désisté » et un nouveau chien a dû être dressé en une semaine pour prendre le relais. Malgré tout, la scène a été tournée en 3 prises seulement!

Derrière le(s) masque(s)

Les multiples masques qu’utilise Édouard sont bien plus présents que dans le livre. Tantôt basiques, tantôt complexes ou baroques, ils sont le fruit du travail de  Cécile Kretschmar, une habituée des opéra pour lesquels elle travaille régulièrement.

Ces masques sont aussi le reflet de l’état d’esprit d’Édouard et apportent une vraie dimension théâtrale. J’ai particulièrement aimé le dernier masque, celui du paon, que j’ai trouvé très beau.

Au final

Au revoir là-haut n’est pas un film sur la guerre. C’est plus un pamphlet contre (notamment) le mépris de classe de l’époque (que l’on peut aisément transposer à la nôtre). Une satire de cette société qui crée des laissés pour compte qui vont chercher à se venger tout comme le feront Albert Maillard et Édouard Péricourt dans le film. Un aspect très moderne finalement malgré un contexte historique éloigné. C’est aussi cet aspect qui a plu à Albert Dupontel pour lancer l’adaptation.

Le tout est « emballé » par la touche que lui apporte Albert Dupontel et qui s’accorde finalement très bien au sujet. À ce titre, je me suis demandé si la pique anticléricale avec les infirmières religieuses était présente dans le livre ou si c’était un petit ajout « made in Dupontel »…

J’avoue ne pas avoir vu beaucoup de films du réalisateur hormis Bernie. Mais du coup Au revoir là-haut m’a donné envie de découvrir le reste de sa filmographie tant j’ai été séduit par le film.

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Article écrit par Mat

Mat, créateur et admin du site GeeKroniques. Grand fan de séries et de culture Japonaise, je vous parle de mes coups de coeurs et parfois de mes coups de gueule! Retrouvez également mes tutos informatiques sur mon autre site.

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