SPOTLIGHT

Lors de mon bilan ciné 2015, je m’étais donné pour objectif d’éviter les sorties de routes et de varier les plaisirs ciné. Mais comment aiguiser mon sens critique? Comment susciter l’envie chez les lecteurs du site? Comment arriver à faire réfléchir et intéresser quelqu’un sur un blockbuster ou encore sur un petit film indépendant? Ces questions sont le quotidien des journalistes, des critiques et bien que je ne sois ni l’un, ni l’autre, j’ai eu envie de comprendre leurs métiers, leurs interrogations mais aussi leur sens de l’éthique.

Spotlight, de Thomas McCarthy, se présente avec l’intention de nous faire réfléchir sur le métier de journaliste, ses obligations, ses combats à travers l’histoire vraie d’un journal, le «Boston Globe», ou plutôt dans son équipe de journalistes d’élite, Spotlight, qui a mis à jour une affaire de pédophilie au sein de l’église Catholique. Un sujet complexe et assez lourd mais le cinéma sert également à porter ce type de sujet, à porter tous les sujets.

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PAS LE GORAFI!!!

Freud aurait dit que les Irlandais étaient le seul peuple au monde auquel la psychanalyse ne pouvait venir en aide, je ne pense pas que l’ami Freud ait dit cela un jour mais ce mot d’esprit colle parfaitement au contexte de «Spotlight». En effet, notre film de la semaine se raconte à travers la rédaction d’un journal local de Boston, le «Boston Globe», la ville la plus irlandaise des USA dont on a déjà parlé dans la critique de «Strictly Criminal». Le Boston du début des années 2000 dans laquelle le catholicisme est LA religion dominante et impliquée dans la vie économique, sociale et éducative de la ville, une ville où le silence, le secret et la fierté sont de véritables commandements.

Celui qui va remuer toute la vase de «Charles River» est le nouveau patron du journal qui vient en sauveur ou en bourreau d’un journal stagnant et dont la chute financière semble proche. Il a pour objectif de rendre à son nouveau journal ses lettres de noblesse, une ligne éditoriale plus agressive tournée vers l’investigation, l’enquête et pour mettre la lumière sur les vieux démons de la ville et de ses habitants. Le sujet est tout trouvé avec une sombre histoire de pédophilie et d’église Catholique, gros dossiers en perspective pour notre équipe de journalistes d’élite.

12 mois d’enquêtes, 12 mois de recherches, de témoignages édifiants pour une histoire pas si méconnue que ça par les autorités, les habitants mais aussi par le journal lui-même. «Spotlight» est composé de «Robby Robinson», Michael Keaton, le joueur/entraîneur, de «Michael Rezendes», Mark Ruffalo, l’homme de terrain qui n’hésite pas à jouer du physique, de Sacha Pfeiffer, «Rachel McAdams», la journaliste qui use de douceur et d’empathie pour obtenir des réponses et pour finir de «Matty Carroll», Brian d’Arcy James, l’homme de l’ombre qui sait où chercher des archives, de vielles informations pour faire avancer l’enquête. Joli casting avec des acteurs qui confirment et d’autres qui n’ont plus rien à prouver, je note aussi un Liev Schreiber, dans le rôle de «Marty Baron» / le nouveau boss du journal, qui nous délivre là une prestation tout en retenu et en finesse et qui n’use pas de son physique imposant pour justifier un personnage. Vous l’aurez compris, «Spotlight» est constitué d’un excellent casting, de bons personnages mais surtout d’un sujet prometteur et assez intriguant pour motiver le spectateur à se déplacer dans une salle obscure.

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TUBE CATHODIQUE, VIEILLES DISQUETTES ET ARCHIVES DE PRESSE

Open-space bien triste et gris, écrans d’ordinateurs à tube cathodique, beaucoup de carnets de notes, des post-it et des piles de dossiers, bienvenue dans le quotidien d’un journal qui semble être resté bloqué dans les années 80. J’ai même vu de vieilles disquettes!!! On est loin du journalisme 3.0 qui partage du contenu sur Twitter et qui propose une application mobile à ses lecteurs… Mais peu importe les moyens techniques, le plus important c’est l’esprit critique et l’envie de faire de l’investigation. «Spotlight» vous proposera un thriller de gratte-papiers avec une construction linéaire et un rythme assez lent, voir trop lent mais le sujet, les personnages et le respect pour l’histoire vraie de base ne permet pas tant de folie que ça. La grande force du récit et de son réalisateur, Thomas McCarthy, c’est de savoir raconter une histoire complexe sans la rendre compliquer aux spectateurs. On sort de la salle avec la sensation d’avoir compris le contexte, les éléments et les conséquences de ce scandale local qui a eu des répercussions à l’échelle mondiale.

Thomas McCarthy est un réalisateur / acteur / scénariste américain qui propose ici une réalisation soignée avec des idées de mise en scène intéressante. Un couleur dominante, le marron, qui permet de figer dans le temps l’ambiance générale de ce long métrage, comme pour insister sur le côté opaque de cette affaire et de ses conséquences sur la ville de Boston écrasée par les poids du non dit et de la mentalité de ses habitants. La religion est forcément au centre des débats, pas de façon directe mais il y a toujours une église qui traîne dans les plans comme pour montrer l’omniprésence du catholicisme dans le quotidien des citoyens que ce soit proche d’un collège ou pire encore près d’un square pour enfants. Glaçant!! McCarthy sait gérer ses acteurs, donner du poids aux mots à travers des dialogues percutants notamment lors des témoignages des victimes des prêtres violeurs. Glaçant!!

J’ai trouvé le film intéressant mais long, trop long. Une sensation de longueur entretenue par une BO de Howard Shore qui s’épuise avec ces morceaux dominés par du piano, du piano et encore du piano. Je peux comprendre ce choix qui peut permettre de faire ressentir la longueur de l’enquête, le travail chronophage des journalistes et les difficultés du journal pour faire sortir l’affaire au grand jour. Enfin, on parle quand même d’une compositeur qui nous a gratifié des musiques du «Seigneur des anneaux», du «Hobbit» et de… «Twilight 3»… Blague à part, nous sommes face à un compositeur d’une extrême qualité et d’une carrière folle mais qui semblait peu inspiré pour cette dernière soundtrack.

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A voir? Du journalisme, du vrai!!! Un super casting, une histoire de base très intrigante malgré un rythme trop lent qui peut perdre certains spectateurs que même la BO ne pourrait retenir.

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Article écrit par Anthony

Grand consommateur de films, mais attention : j'aime la qualité!!! SF, fantastique, action, réflexion, comédie, français, étranger, drame, biopic, etc, etc, ... du moment que c'est fait avec le cœur et non avec les pieds!!!

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